1.11.09

Marronnier 09

Le marronnier* de mon blog, c'est l'Existrans, à laquelle je me joins chaque année, pour une heure ou plus en fonction de mon emploi du temps professionnel puisque chaque fois je travaillais ce jour là. Qu'importe le temps que j'y passe, à chaque fois cela me permet de revoir des amis, des connaissances, reconnaître quelques visages du paysage trans français, faire des rencontres.

Et même si je ne relate pas souvent ici cette journée, j'en profite toujours pour mettre une photo ou deux. Cette année ne dérogera pas donc à la règle ! Surtout que pour une fois j'ai pu faire la marche entière (j'ai quand même du partir avant le die-in pour être à l'heure au resto).
J'ai même été interwiewé pour une radio polonaise (!) et interrogé pour Rue89; passons sur la retranscription de mes propos, l'article vaut ce qu'il vaut, mais il est là: " Existrans : pour en finir avec les stérilisations de transsexuels"


La plupart des photos de cette marche sont sur Facebook.

Pas celle là !

La plupart des photos de cette marche sont sur Facebook donc. Je n'ai pas accepté tous les tag de photo avec ma face, mais la majorité. Ce qui officialise un grand tournant pris depuis quelques mois sur mon profil: d'un côté j'ai changé mon nom officiel (enfin, officiel... on se comprend) pour un pseudonyme, de l'autre je me suis peu à peu outé.
J'ai réalisé qu'au départ, à la création de ma page, je ne m'étais pas trop posé la question. J'avais mis un album photo sur une nuit de collage d'affiches pour l'Existrans 2007. Et puis, si mes souvenirs sont bons, tout est parti de ce fameux statut "in relationship", que je réclamais à Virginie et qui me fut accordé à la condition d'avoir le profil d'un mec disons normal... Demande à laquelle j'accédai tout naturellement puisque, réflexion faite, étant donné l'étendu de ce réseau et la difficulté de gérer son image sur la toile (grosse parenthèse, j'ai fait une gaffe à ce propos: un blog portugais où j'avais donné mon nom/prénom, ça m'a pris 4 mois et une vingtaine de message pour me faire retirer du site, malheureusement 123people le réfère toujours, donc actuellement en me recherchant dans Google, il y a en 1ère position un lien qui dit "NÃO TEMOS VERGONHA DE SERMOS TRANSGÉNEROS, TRANSEXUAIS, AMIG ...NOUS N'AVONT PAS HONTE D'ÉTRE TRANSGENRES, TRANSEXUELS/LLES, AMIS ... Eric C....... Cuisinier. Boulogne - France.", donc comment faire plus grillé), il m'a paru plus sain de ne pas trop me compromettre (raté, voir parenthèse). J'ai désactivé l'album photo, changé son nom, supprimé toute mention à l'Existrans, aux trans en général.
Et durant quasiment deux ans il en fut ainsi, je traitais chaque photo, chaque groupe, chaque ami au cas par cas, en essayant de maintenir l'illusion d'un profil de mec bio, tout de même clairement LGBTQ-phile mais qui personnellement ne se mouillait pas trop.
J'ai opté il y a quelques mois pour un pseudonyme simplement dans le but de limiter les demandes d'ajouts, spécialement de la part de vagues collègues dont je ne connaissais même pas le prénom avant de les voir sur FB... Et finalement, en juin dernier, j'ai démissionné de l'hôtel où je travaillais depuis plus d'un an. J'ai gardé quelques contacts, certains au courant de ma transidentité, d'autres pas, mais dorénavant ils ne faisaient plus parti de mon milieu professionnel. Et donc je me fous qu'ils l'apprennent, comment ils l'apprennent, et comment ils le prennent. Et j'ai réalisé que je m'en foutais pour les autres aussi. Que truc ou machine (connaissance, pote, ...) qui me connaît depuis un an ou 2, qui ne s'est "jamais douté de quoique ce soit", découvre au fil d'un album photo ou sur mon wall que, putaing, Éric c'était une meuf avant, je n'en pense pas grand chose.
Mais j'en parle parce que l'on m'en parle; des amies m'ont demandé : "taboo or not taboo ?"... J'ai marqué un tournant en évoquant cet été mon vagin (suite aux complications de mon hysté) sur mon propre wall. Je crois que je peux dire "not a taboo anymore". Je préfère que mon profil me ressemble... un peu plus.
Je pense avoir fait le tour du sujet... Maintenant, à l'heure où l'on échange son FB comme son 06, j'ai toujours en tête que lorsque je donne mon pseudonyme, je laisse à la personne la possibilité de savoir... ou pas. Parce que franchement, je ne visite pas en long, en large et en travers les profils de mes 240 "friends", et je suppose qu'ils en font autant.







Je profite de l'occasion pour raconter un peu ma vie en général (je suis là pour ça), et d'abord rassurer: je vais beaucoup mieux depuis le dernier post, tout n'est pas rose mais je me suis bien rétabli !
Du coup, j'ai pu repartir en quête d'un job; au départ, je cherchais un emploi sur Paris ou Boulogne le temps de renflouer les caisses et d'attendre l'hiver pour faire une saison à la montagne... Éventuellement au Club Med, où j'ai passé les différentes étapes de recrutement. Et puis j'ai trouvé un bon poste, dans un resto qui me plaît, près de chez moi, avec une brigade sympa, et une chef qui tient à me garder. Et un contrat au nom de Caroline... Cela m'a fait franchement bizarre en recevant ma première paye, puis ma convocation à la médecine du travail. Sophie : "Mais tu te souviens que c'est toi ?" Moi : "... Je suis trans, pas amnésique !" Bon, mais parfois j'oublie que ce prénom est toujours d'actualité... Je reçois par exemple, des catalogues Yves Rocher, et je me dit que c'est adressé à une fille qui n'existe plus. Ou alors je l'imagine en tant qu'entité purement virtuelle pour les besoins de l'administration. À présent, elle est revenu dans mon quotidien, et je ne sais pas pourquoi cela ne me passe pas au dessus, mais ça m'emmerde un peu d'encaisser ses chèques. Mais bon, ce qu'avait fait ma précédente boîte (me donner un contrat de travail au nom d'Éric) n'était pas vraiment légal donc je ne peux l'exiger de ma nouvelle entreprise...
Pour la petite anecdote, j'ai donné mes papiers à la chef, Sabrina, en évoquant, à voix basse et quelque peu gêné (nous étions en cuisine) un léger décalage entre mon identité officielle et celle que j'avais présenté; elle est revenu 10min après pour me prendre à l'écart et me dire qu'elle comprenais, qu'il n'y avait aucun problème, au contraire si moi j'en rencontrais un par rapport à ça je pouvais lui en parler, qu'elle était ouverte et d'ailleurs son frère est homo. Il est loin mon resto d'apprentissage...




*"Un marronnier en journalisme est un article d'information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible".