20.8.08

La dernière phrase de mon dernier post était prémonitoire... Bien que je pensais m'y remettre, j'ai laissé 4 mois s'écouler avant de reprendre le clavier pour donner de mes nouvelles ! 
Je n'ai jamais été capable de tenir un journal intime sur le long terme. Ce blog constitue mon record et lorsque je le parcours, me remémorant des épisodes qui seraient sortis de ma mémoire sans cette trace écrite, je regrette de manquer de motivation et d'inspiration pour le tenir à jour.
C'est pourquoi je vais tenter de rattraper ce retard maintenant. 

Parlons d'abord de mon opération. Cela fait 7 mois et des poussières et je suis toujours très satisfait du résultat ! De plus, j'ai remarqué il y a quelques semaines avoir retrouvé une certaine sensibilité aux tétons. Je sens le plaisir et la douleur, moins le chaud et le froid (bizarrement, le gauche est plus sensible à l'un et le droite à l'autre). Je ne l'espérais même pas, pensant que c'était impossible avec une greffe ! 
J'ai redécouvert le plaisir de me balader torse nu à l'extérieur. Le vent, la pluie, les rayons de soleil... bonheur :o).... Et le regard des gens qui n'est ni finalement ni trop insistant, ni vraiment gênant, comme je le redoutais. 

Autre épreuve que je redoutais: trouver un travail. J'ai travaillé dans deux restaurants depuis le début de ma transition; soutenu par mon école pour le premier, pistonné pour le deuxième, depuis le début j'appréhendais mes futurs entretiens d'embauches où je devrais justifier mes papiers féminins. 
J'avais décidé de me mettre à la recherche d'un poste de commis dans un quelconque restaurant parisien un mois après mon opération, dans la semaine qui suivrait mon séjour en Angleterre, fin mars. En une journée, j'ai eu 3 propositions (quand on dit qu'il y a des emplois à prendre dans la restauration...), 2 furent suivies d'un entretien. Mon C.V. étant, bien entendu, au nom d'Eric C., je devais révéler on identité officielle à un moment donné mais me refusait à le faire avant de savoir si j'étais, oui ou non, embauché. Et je ne regrette pas cette décision !
Lorsque le chef d'un hôtel **** près de la Place Vendôme me demanda de commencer lundi, j'allais ouvrir la bouche pour expliquer mon cas et me suis ravisé; je ne le regrette pas non plus. Le lundi, je me suis présenté au bureau du personnel et en présentant mes papiers à la DRH, j'ai juste dit: "ils sont encore au nom de Caroline C., je n'ai pas encore changé mes papiers." Elle ne m'a posé aucune question personnelle, a pensé que c'était préférable que mes collègues l'ignorent et a donc fait mon contrat de travail au nom d'Eric pour que le chef de cuisine, en distribuant les feuilles de paye, ne découvre mon identité. Elle a été formidable et je l'aurais serré dans mes bras ! 
Cela fait donc presque 5 mois que je travaille dans cet hôtel; j'ai reçu ma carte de mutuelle et, comme sur mes feuilles de paye, il y a écrit "Eric C. numéro de sécurité sociale: 2 87......." comme si rien ne clochait ; mes collègues se moquent gentiment de mes marcels que je garde jusque dans les vestiaires (pour éviter que mes cicatrices ne me trahissent,) cela me fait rire doucement — s'ils savaient !—.
En Mai, j'ai eu droit à la visite médicale. Lorsque la docteur m'a demandé si j'avais déjà subi des opérations chirurgicales, j'ai répondu: "oui, une greffe du tympan et la poitrine". J'étais en caleçon et chaussettes, son regard s'est posé un moment sur mon torse. 
"- j'ai vu ça, on vous a sacrément raté !". Elle note "gynécomastie" (développement excessif des seins chez l'homme) sur sa fiche et ajoute "mais...euh... ils étaient gros comment pour que l'opération ait été aussi lourde?" "- Je faisais du 95C" Et devant son air dubitatif et sa bouche bée, j'explique être né fille. Elle raye "gynécomastie", écrit en dessous "transsexuel" et passe à la question suivante: "je suppose que vous prenez un traitement?"... J'ai été surpris que cela soit passé aussi simplement. 
Pour continuer dans les anecdotes de boulot... Je me sens mal à chaque fois qu'est évoqué le sujet du transsexualisme, que ce soit à propos du FtM américain enceint ou des putes du bois de Boulogne, surtout que c'est souvent accompagné de blagues douteuses et de rires gras. Sur une plaisanterie, on m'a surnommé "ricky siffredi" durant une semaine, et j'ai trouvé ça très, très drôle. 
J'ai vraiment sympathisé avec 2 collègues, chacun a fini par découvrir la vérité sur moi. 
Un soir, après le service, j'ai écumé les bars avec un autre commis, M., et nous avons terminé au Folies' Pigalle, boîte réputée pour accueillir beaucoup de transsexuelles... En réglant mon entrée, j'ai dû présenter ma carte d'identité et la caissière l'a refusé:" Ah ben y'a un souçi... ça va pas être possible... Qui c'est, Caroline?"... M. était derrière moi, j'ai cru qu'il n'avait rien entendu. Mais plus tard dans la nuit, alors que l'on parlait (enfin, que l'on criait pour couvrir le bruit de la musique) d'une fille qu'il venait de serrer, je lui fait remarquer qu'elle est trans et il me rétorque:" mais vous aussi, non...?". Quelque temps après: "ça me fait chier pour vous, Riquet"... Il avait l'air vraiment peiné, j'avais presque envie de le réconforter ! Nous n'en avons jamais reparlé et, plus important, il n'a jamais rien dit au reste de la brigade. 
Plus récemment, fin juillet, j'ai plongé dans la Seine avec D., l'apprenti, et pour cela j'ai bien dû me mettre torse nu. Il faisait nuit, il a mis du temps à remarquer mais a été impressionné lorsqu'il a vu mes cicatrices. Il m'a demandé si j'avais eu de la poitrine à cause d'une maladie ou d'un problème chromosomique... a compris l'intérêt du marcel que je porte constamment et a juré dans la foulée qu'il n'en parlerais pas au travail. 

Sans transition...
En Avril, Virginie et moi avons rompus. Pour nous retrouver quelques mois plus tard, sans pouvoir encore déterminer si nous allons sérieusement nous remettre ensemble, mais là n'est pas le propos.
Cette séparation, et les expériences qu'elle m'a permise de faire, m'ont appris sur moi-même, ma sexualité et mon rapport au corps. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais il fallait que je fasse un paragraphe à ce sujet car c'est tout de même l'évènement le plus important de ces 4 derniers mois...

En espérant laisser moins de temps s'écouler entre aujourd'hui et mon prochain message...

7 mois post-op

28.3.08

J'ai honte. Plus d'un mois que je n'ai pas écrit ! Alors que j'en ai eu, des choses à dire.
Et je les ai dites. À un ami qui passe, sur un forum, mais c'était des impressions éphémères, des remarques anodines, tellement furtives que cela ne valait pas la peine d'en garder une trace.
En fait, je suis en ce moment bien moins dans le mental et beaucoup plus dans le ressenti. 
Je me livre à moins d'introspections, je n'essaye pas d'analyser mes moindres émotions, mes moindres réactions...
Je me laisse vivre et ça fait du bien !

Le plus difficile est derrière moi. Aujourd'hui je n'ai plus cette oppression, cette obsession de camoufler ce qui pourrait me trahir, ce constant rappel d'une vie dans l'apparence et le faux semblant. Car mine de rien, mon existence en tant qu'Eric ne tenait que grâce à un accessoire. 

Aujourd'hui tout est plus simple, tout est plus évident. 
Me tenir droit... aller au lit crevé sans avoir besoin de réunir mes dernières forces pour ôter ces instruments de torture que sont les t-shirts compresseurs... porter des hauts, des chemises sans me dire que le col est trop ouvert et que l'on peut apercevoir quelque chose...  courir, sauter sans avoir besoin de remettre mes seins en place... J'ai vite oublié ces habitudes, ces réflexes. 

Je me suis vite adapté à ces changements. 
Mais m'approprier mon corps a pris — prends ? — plus de temps. J'ai l'impression de renaître, d'avoir de nouvelles libertés que je n'ai pas encore explorées. 

Cela explique pourquoi j'accorde plus d'importance au ressenti, à mes émotions qu'à mes réflexions. 

Cela dit, ce n'est pas une bonne nouvelle pour ce blog... Mais cela en est une pour moi !


J + 35

J + 7

24.2.08

Freedom

Je n'avais pas porté de t-shirt à même la peau depuis 8 ans ! Soutif puis underworks m'ont serré et compressé toutes ces années... Lundi dernier, j'en avais enfin terminé avec le binder.

C'était President's Day içi, jour férié et venteux où nous sommes allé visiter Mont Vermont, demeure de Georges Washington. Sentir le coton dans mon dos, et non pas un tissu râpeux comme celui du binder, était déjà une joie en soi... Puis les coups de vent qui s'engouffrèrent  dans mon t-shirt et qui se firent ressentir sur chaque parcelle de mon épiderme ont réveillés dans ma tête Aretha Franklin qui chanta "Freedom ! Freeeedom !" tout le reste de l'après-midi !

Ensuite, on s'habitue. On s'habitue très vite au confort. S'habiller sans y penser, et non pas en vérifiant que cette chemise ou ce t-shirt tombe bien, et ne laisse pratiquement rien paraître. Sortir de la salle de bain torse nu. Respirer à pleins poumons... 

Et pour mieux en profiter, j'ai même recommencé à fumer ! Sans commentaires.

14.2.08

   Lundi, ce fut mon dernier rendez-vous avec Brownstein pour enlever les points de sutures. C'était assez désagréable. De même lorsqu'il expliqua que je pouvais toucher sans problème mes tétons et montra l'exemple. 
   Je dois garder le binder encore une semaine mais peut (et doit) l'enlever pour passer du baume cicatrisant sur les greffes et changer les compresses qui les protègent. Les cicatrices sont couvertes de scotch que je ne devrais enlever que dans une semaine, sauf si ma peau s'irrite ou que du liquide s'échappe. Je ne dois pas les mouiller et donc ne peux me laver au niveau du torse ; d'ailleurs, j'ai toujours une trace des dessins à la Nip Tuck fait avant l'opération...
   Je ne dois rien porter de lourd (+ de 8kg) et ne devrais pas faire de mouvements brusques avec mes bras ni les lever. Mais ce n'est pas comme si je ne pouvais pas le faire ! Là est tout le problème, je réalise après (avec les tiraillements au niveau des cicatrices) le mouvement qu'il était exagéré et à éviter... Mais il y a des réflexes: m'étirer le matin, relancer la balle à mon neveu qui me l'envoie, aider à porter des sacs,etc.

   À part ça... Je suis assez content. Même pas mal heureux. À chaque fois que je retire mon binder pour mes soins, je reste un bon moment à me contempler, me détailler,  voir même... m'admirer. Mais... de la même manière que je peux rester bloqué devant la glace parce que j'aime ma coupe de cheveux. Sans étonnement, sans béatitude. À la minute où j'ai enlevé pour la première fois mon binder, j'avais déjà oublié l'image que le miroir me renvoyait deux semaines auparavant. Je me suis toujours adapté très vite aux nouveautés. 

10.2.08

Vendredi 8, Brownstein m'a retiré les drains.
J'étais assez tendu en arrivant à ce rendez-vous.
Il a enlevé le binder, les cotons, les compresses, toute cette masse qui m'étouffait, m'a prévenu que ça risquait de "Ouch" au moment d'enlever les tuyaux, c'était plutôt un petit "aïe".
Me voyant tenter désespérément d'apercevoir mon torse, il me tendit un miroir...
Un sourire éclaira mon visage, et, par ricochet, se posa sur le sien. 
Il posa simplement des nouvelles compresses sur les sutures, referma le binder qui désormais ne me serre plus et, surtout, est plat. 




7.2.08

Drains

 J'ai parcouru la moitié de la ville en long, en large et en travers... Lentement mais sûrement. Trèèès lentement même, je n'ai jamais autant mérité mon surnom de tortue ! Disons que mon harnachement entrave quelque peu ma démarche naturelle. 
 Mes drains ne sont pas vraiment douloureux mais à chaque fois que je fais un mouvement brusque qui fait "vibrer" mon corps, je sens un tiraillement au niveau des implantations. Tout aussi désagréable, je ne peux profiter d'un bon repas car alors mon binder me sert vraiment (il n'est pas du tout extensible, comme un plâtre) et je lutte pour chaque bâillement ou même chaque forte respiration !
 Autre inconvénient, il faut non seulement que je vide régulièrement les drains mais aussi que je mesure et note les quantités de liquide en différenciant la poche droite de celle de gauche... Sauf que je ne différencie pas ma droite et ma gauche x_x. J'ai bien quelques petits "trucs" pour me souvenir, mais mal réveillé au milieu de la nuit, il m'est arrivé de me tromper. J'espère que cela ne va pas trop fausser les résultats ! 
 Finissons de se plaindre avec cette dernière anecdote: je ne peux m'habiller tout seul. Caleçon, pantalon, chaussure, ça va (encore heureux), mais je dois requérir l'aide de ma soeur pour mettre et enlever chemise et manteau... Et comme aujourd'hui mon programme était différent de Mum&Sister, je suis rentré à l'hôtel bien avant elles et, fatigué, me suis glissé dans mes draps avec mon blouson alors qu'idéalement, je me serais mis torse nu. 

Vivement Vendredi. 
Pour terminer sur la journée de lundi, Brownstein a bien entendu appelé dans la soirée pour vérifier si tout allait bien. Et le lendemain matin, c'est Kathy, sa secrétaire, qui a demandé de mes nouvelles. Deux heures plus tard, c'est au tour de la  jolie infirmière de la clinique, Grace (que j'ai oublié de mentionner précédemment mais c'est principalement elle qui s'est occupé de moi avant et après l'opération), d'appeler ! 
Certains trouvent que le système américain de laisser les gens sortir quelques heures à peine après leur interventions relève de la quasi-inconscience, mais ces trois appels sont la preuve que l'on est pas lâché dans la nature sans assistance. Et je trouve qu'ils démontrent plus d'attentions que j'en ai reçu lors de ma nuit à l'hôpital suite à ma précédente opération avec anesthésie générale, en France; cette nuit là, j'aurais pu crever avant de voir l'ombre de quelqu'un ou quelque chose de disponible pour répondre à mes questions... Et surtout, durant deux jours et deux nuits, je me suis emmerdé comme un rat mort et je prenais leurs assommants cachetons contre la douleur dans le seul espoir de voir le temps s'écouler plus vite. Alors qu'en ce moment, je profite, tout simplement. 

5.2.08

February 4th


 Nous nous sommes rendus à pied à la clinique et avons surestimé le parcours: à 6h15, nous étions sur place. En dépit des horaires affichés sur le panneau, on nous a ouvert à 6h20 ! 6h30, je remplis quelques paperasses et je suis emmené dans un vestiaire-toilettes pour me changer (les photos arriveront dans une semaine, elles sont sur l'appareil de ma soeur !).
Prise de sang, intraveineuse. B. arrive enfin et me trace des traits et pointillés sur mes excroissances mammaires. Puis vient l'anesthésiste, from Hong-Kong, tentant de blaguer en franco-spanglish... Tout le personnel était très attentionné et surtout, répondaient sans se démonter "he" lorsque ma soeur disait "she" !
Les infirmières me demandaient sans cesse si j'étais "stressed" ou "nervous"  et je répondais invariablement "tired" ! En effet, j'avais lu à la lumière de la cheminée jusqu'à très tard dans la nuit, ma mère m'a reveillé vers 5h... Une fois sur la table d'opération, je me suis endormi  avant même que l'anesthésiste ne pose le masque à oxygène sur mon visage ! 
Et comme souvent, je pensais avoir simplement cligné des yeux lorsque je me suis réveillé. Deux heures et demi étaient passées. Il parait que l'infirmière a tenté de me sortir de mon sommeil plus tôt en me disant que ma mère et ma soeur était là et j'ai marmonné quelque chose comme "j'm'en fous j'veux dormir" et suis aussitôt reparti au pays des songes !

Puis j'ai vraiment dû ouvrir les yeux, et là j'ai vu et senti le binder... Qui est plus volumineux que feu ma poitrine ! Les drains pendouillaient; cela ressemble à des grenades en plastique. Ils se remplissent de sang ou de pus au fur et à mesure, il faut donc les vider régulièrement. L'infirmière expliqua comment procéder à ma soeur, disant que je serais forcément trop patraque la première fois.

 

 Je ne vous épargnerez rien, aucune vision d'horreur ou de mauvais goût (le jogging... affreux) donc me voici dans la salle de bain avec mon binder et mes drains que j'ai quand même vidé pour ceux qui ne raffolent pas de la vue du sang !
Bref, à 11h et des poussières j'étais de retour à l'hôtel. 5 minutes après j'étais endormi sur le fauteuil (je n'avais pas le droit de m'allonger mais ceux qui me connaissent savent que je dors dans toutes les positions !) pour finir ma nuit.

Réveillé à 15h, grosse envie de sushi ! C'est toujours bon signe lorsque j'ai faim :p Ma soeur m'accompagne ma salle de bain mais je vide mes drains tout seul comme un grand ! Après le plateau de sushis et sashimis, je prend un cachet anti-douleurs pour la forme... Mais à part me sentir un peu à l'étroit dans le binder, je n'ai mal nul part.


 À chaque fois que ma soeur évoque un coin, un monument à visiter, ma mère grogne "mais attend, elle (sic) vient de sortir de son opération, arrête de programmer des plans sur la comète, elle (re-sic) est fatigué..." etc. et je réponds "Maman je suis là et tu vois bien que cela fait trois heures que je tourne en rond en cherchant une occupation, je suis tout sauf fatigué et mal en point, donc si tu paniques reste à l'hôtel mais moi je veux sortir !"


Demain, Alcatraz au programme !



Comment je me sens ? Physiquement bien, et sinon content que l'opération soit derrière moi, mais je ne réalise toujours pas ! Pour l'instant rien n'a changé, je suis toujours comprimé dans un binder qui fait bien moins "plat" que mes tshirts compresseurs...Me voilà encore en train de patienter... Attendre que mon binder soit retiré pour des bandages plus léger et que je puisse apercevoir le résultat... 

4.2.08

Brouillon**

(Ma mère, dans l'après-midi: "au fait, en parlant de... -rien à voir-... là, demain, tu les auras plus [tes seins]... alors, on pourrait pas les voir?" "Mais ça va pas !" "Pour leur dire aurevoir..." "NON !" Elle ne veut pas non plus faire une cérémonie, les récupérer et leur faire une sépulture décente ? Souvent, elle a des idées bizarres...)
Je me rends à la clinique dans 8h !
 Là maintenant tout de suite, ce que j'attends avec le plus d'impatience,  c'est de me débarrasser de ces foutus binders... Je ne voulais pas en parler avant, mais cela fait quelques mois qu'ils me procurent des douleurs aux côtes de moins en moins supportables et surtout, depuis quelques temps ces douleurs persistent même après l'avoir enlevé ! Alors cette opération sera vraiment une libération.
J'ai rencontré mon chirurgien, Brownstein, vendredi. Nous (mère, soeur et moi) avons été très mal accueilli par un chien hargneux... Heureusement la très charmante infirmière Kathy est arrivée à notre secours ! Et nous a mené jusqu'au bureau, que vous pouvez apercevoir ci-dessous: un énorme fauteuil tout droit sorti d'un cartoon, un crayon à papier géant... 

 En bref, cet homme ne se prend pas au sérieux ! En France, je me méfierais d'un docteur avec un cabinet si peu conventionnel, mais içi... Puis Il est arrivé (mon sauveur ^^), et nous a tout de suite mis à l'aise. Sympathique, rassurant... J'aurais voulu aller illico en salle d'op !



 J'ai dû attendre encore un week-end mais il est passé très, très vite... Oackland, dégustations de vins californiens dans la Napa Valley, restaurants, la baie de San Francisco, Chinatown... 



 Et voilà, dans 8h.. Non, 10h, le temps de remplir quelques paperasses, d'avoir les dernières explications, que B. me fassent des dessins à la Nip Tuck,... Je serais sur le billard. 


24.1.08

Tu stresses ?

J'ai l'air stressé? Dites moi. Parce qu'en ce moment, tout le monde me pose cette question.
Alors forcément, j'y pense, y repense, ressasse, m'impatiente, appréhende... Je me suis déjà fait opérer et suis allé à l'hôpital comme on irait à l'hôtel; je n'ai compris ma douleur qu'au réveil ! Alors maintenant je me prépare mentalement. Et aussi, surtout, je pense à l'après, ce qui va changer, les petits détails du quotidien, mon regard sur moi-même, mon intimité avec ma copine qui sera à réinventer ! Ou pas. J'ai beaucoup de mal à m'imaginer... torse nu sur une plage, par exemple. Bref, je ne stresse pas, je réfléchi !
Mais je réfléchi dans l'absolu; j'ai du mal à réaliser que dans 11 jours, je serais sur le billard. Quelque part, je n'y crois pas. On verra quand ce sera fait, mais ne vendons pas la glande mammaire avant de l'avoir retiré (qui veut des seins?...).

5.1.08

Je suis malade depuis le Réveillon.

Je ne peux pas sortir longtemps dehors sinon je reprends froid.

Je tourne en rond dans mon studio.

Je passe des heures, des journées sur msn et facebook.

J’attends…

 

J-30 avant ma mastectomie à San Francisco.

Les derniers papiers à envoyer sont dans l’enveloppe.

Les billets d’avion sont dans le tiroir, à côté du passeport.

Les hôtels réservés.

J’attends…

 

Dieu merci, la patience fait partie de mes qualités. En vérité, cela fait deux ans que j’attends, mais plus l’échéance se rapproche, plus je bouillonne intérieurement, plus je refuse d’attendre sagement, plus je veux accélerer le temps. Pour cela, Internet est le Dieu du temps perdu, je m’y plonge et des heures et des heures s’écoulent !

 

 

 

Sans transition, il y a quelques temps je disais qu’à mes 36 ans, je ferais une énorme fiesta : à cet âge, j’aurais passé autant d’années dans ma vie « homme » que dans ma vie « fille » ! Bien que je considère avoir été tout à fait neutre dans mon enfance, en dépit des robes dont j’ai été affublé, durant 18 ans « on » m’a considéré comme une fille, mais à 37 ans, et toutes les années derrières, j’aurais vécu plus longtemps en tant qu’homme.

Les méandres obscur de mon cerveau m’ont alors ramené à cette pensée déprimante émise par une transsexuelle qui disait, dans un soupir : « De toute façon, et quoi qu’il y ait d’écrit sur ma pierre tombale, si quelqu’un vient à examiner mes ossements, il verra un squelette d’homme ». Tant d’effort pour ça. Cela m’a, en premier lieu, déprimé pour elle. Si elle ne voyait en tout commencement que la fin, elle ne devait pas être drôle tous les jours. Quelques jours plus tard, regardant un épisode des experts, j’ai pensé à toutes ces enquêtes ou un trans’ victime décomposé donnerait du fil à retordre. Puis cette pensée est revenue, déprimante en elle-même.

Lorsque je me suis découvert trans’, j’ai cherché s’il y avait des explications à ce « phénomène », des recherches scientifiques achevées ou en cours, des hypothèses… Rien de concret, et n’aimant pas brasser du vide, j’ai abandonné. Les faits étaient là, pour moi et des milliers d’autres. Il y a tant de choses qui ne s’expliquent pas sur Terre, j’en fais partie, point.

Et puis cette phrase est revenue, me rappelant que mon squelette, que chacune de mes cellules racontent que je suis un élément femelle de la race humaine, et ça me met hors de moi de n’avoir aucune explication solide, rationnelle, scientifique à leur opposer. Alors je prends sur moi lorsque ma mère, un soir, finit par me demander, parce que bon, on approche de l’échéance, alors, ça ne changera rien mais la tranquillisera un peu, me demander de faire un test Adn pour savoir si, par hasard, je n’aurais pas une anomalie chromosomique.

Elle a beau accepter, elle a besoin d’une explication. Et je ne peux l’en blâmer, je voudrais bien en avoir une aussi. Parce qu’avant, dans mon esprit certes imaginatif et ouvert mais tout de même très cartésien, tout ce qui n’avait pas d’explication logique et scientifique relevait du problème psychologique, de la folie ou du bon Dieu. Le problème c’est que depuis quelque temps, ma foi est branlante, et je refuse de me croire dérangé (enfin, pas pour ça).

Pour en revenir à les 36 ans, je crois que je cherchais dans le nombre d’années, dans l’histoire la légitimité que me refusait la science. Comme si j’en avais besoin.

 



27 quintes de toux en écrivant ces lignes. Je m’en vais me soigner.

 

Ah au fait… Bonne année à tous ! Et tous mes vœux de bonheur !

 

Je rajoute une photo pour Elijah ;)


Karaoké le 30 Décembre 2007