8.10.07

Insomnies

Mes insomnies sont souvent propices à d'intenses réflexions sur le pourquoi du comment, le sens de la vie - la mienne en particulier - et le menu du prochain déjeuner...
Il m'arrive de moins en moins souvent de me retourner pour constater le chemin parcouru, mais ce soir j'ai retrouvé des dossiers: les premiers écrits où j'avouais être trans "au monde'"... J'avais déjà, auparavant, émis des doutes dans mon journal intime, mais écrire pour être lu prends une toute autre dimension.

Une nuit de juillet 2005, j'ai envoyé sur un forum trans' "une bouteille à la mer"... Un texte maladroit, envoyé sans relecture, où transparaisse la peur du regard extérieur et, surtout, de l'inconnu.
Extraits choisis:

"Je suis une fille, mais j'ai mis beaucoup de temps, d'années à m'assumer en tant que tel."
"Je me suis accommodé au fait d'être une fille, jusqu'à ce que j'en rencontre une autre, que je tombe amoureuse, que je noue une relation... j'ai toujours un conflit intérieur, une voix qui s'élève en moi, celle de ce garçon qui est moi, du moins une partie de moi, et qui ne comprend pas que l'on ne m'ait pas attribué de pénis à la naissance... et c'est ce garçon qui aime, ce garçon qui désire, et moi je vie ma vie, mes émotions, ses sentiments, mes pulsions, ses désirs...mais pas à fond..."
"je sais, j'ai fini par me l'avouer, que je me sens garçon plutôt que fille. mais cela ne me donne nullement la motivation de commencer un "parcours du combattant" pour transformer mon corps... alors que j'ai mis tant de temps à l'accepter, le changer? contre quoi?"
"m'étant finalement habitué à la peau d'une fille plutôt pas moche, passer par le bistouri pour un physique ingrat, non merci. voilà tout ce que je me raconte."


J'ai reçu deux réponses: la première de Julien, qui m'a dit tout ce que j'avais besoin d'entendre et m'a ouvert des perspectives que je n'osais imaginer. Relire son message, que j'ai copié/collé, conservé et retrouvé ce soir, m'a ému: je pourrais me l'approprier aujourd'hui, l'écrire pour un(e) autre.

"Je veux bien t'apporter mon témoignage si ça peut t'aider à t'accepter tel(le) que tu es.
En tous points de ce que tu dis, je te comprend, tout simplement parceque je m'y retrouve (du moins, quand j'avais ton âge). C'est d'ailleurs pour celà que j'ai tant tardé à entammer mon parcours, mais pas seulement, car je n'ai appris qu'à 38 ans que je n'étais pas seul dans mon cas, et qu'un parcours médical existe. Peut-être si j'avais su plus tôt, aurais-je aussi tenté plus tôt, mais je ne suis pas en mesure d'en affirmer la certitude : Je pense qu'"essayer" d'être une femme était nécessaire pour moi. Je suis quelqu'un de très "nature", je n'aime guère les artifices, je voulais faire avec ce que la nature m'a donné. A ton âge, je voulais fonder une famille, avoir un enfant, j'ai donc tout fait pour y arriver : je me suis "féminisé" pour plaire, me suis marié et engendré une fille.
Après avoir tenté de maintes fois une vie de couple, ce qui s'avérait me renforcer chaque fois un peu plus dans le sentiment qu'être "la femme de..." Ètait exactement à l'oposé de mes prédispositions, j'étais parvenu à un point où je me disais que rester seul était la seule et meilleure "solution" pour moi.
Donc quand j'ai appris qu'on pouvait changer le cours de son "histoire", ne plus rester enfermé dans ce corps, devenir "visible" et exister enfin, dans le sens de "vivre" et "être perçu" tel qu'on se ressent, je me suis dit que je n'avais plus rien à perdre à tenter d'y parvenir. Même si au final, je reste de toutes façons né XX, "maman" pour l'être né de mes entrailles et que mon corps après avoir été nourri aux oestrogènes pendant 38 ans, ne sera jamais celui d'un homme "comme un autre". Cependant, je me dis que j'ai aussi cette "chance" peu commune d'avoir été "femme" la première moitié de ma vie, et de devenir "homme" la seconde. Je ne regrette donc rien.
"avant", je me disais : je suis une fille pas canon, mais pas trop moche non-plus vu que je plais, et j'essayais aussi de me "plaire" à moi-même ainsi. J'ai oscilé longtemps entre "garçonne" et "féminine" : "garçonne", c'était la façon de me retrouver, "féminine" c'Ètait celle de donner aux autres ce qu'ils attendaient de moi. "garçonne" j'étais bien "mais...", "féminine" j'étais mal "mais...",
car au final, d'un côté comme de l'autre, je n'avais jamais la possibilité que "Julien" s'exprime dans son intégralité, tout simplement.
Maintenant, je ne me pose plus la question. Je vis et évolue tel que je suis : un FtM. Mon "équilibre" s'y retrouve.
Je ne vais pas te dire que c'est plus "façile" qu'avant. C'est "différent" : c'est MOI, dans mon intégralité, donc je l'assume et l'affirme avec force et conviction.

Je crois que l'essentiel est là. Si tu aimes ton corps tel qu'il est : gardes-le. Si tu aimes ta personnalité de "garçon" : gardes-là. Ne te résigne pas à être soit l'un soit l'autre : sois les deux si c'est ainsi que tu es le mieux.
Quoi ou qui que tu sois, "féminine", "androgyne", "masculine", "FtM", petit(e), ou un tas d'autres choses, il y aura toujours des personnes pour se permettre des remarques à ton égard. Passes ton chemin sans les écouter, ne perds pas ton temps ni ta vie à tenter de les convaincre, ni de suivre leurs méprisants "conseils", car plus loin, tu trouveras sur ta route des personnes qui t'aimeront tel(le) que tu es."


Je n'ai pas conservé le deuxième message reçu, que j'avais ressenti comme une agression: grosso modo un ftm me reprochait mon misérabilisme. En revanche, j'ai retrouvé ma réponse... Et je me suis revu, à l'époque, restant des heures en foetus, la tête entre les mains, les larmes aux yeux, repoussant de toute mes forces la perspective de faire partie de ce "3ème sexe" et la possibilité d'entamer une transition ("Dieu est quand même plus sympa que ça" ai-je écrit à Vivi...) :


"Tu es trans, tu l'assumes à 100%, t'es bien dans ta peau, épanoui dans ta sexualité, tant mieux pour toi et je t'en félicite.
Mais admet que cela ne puisse être une généralité, que certains ont une histoire difficile ou douloureuse, qu'ils ne s'acceptent pas forcément, au moins durant un bout de temps...
Pareil que chez les homos en fait, la plupart aujourd'hui sont gays ou lesbiennes et fiers de l'être, et heureux ainsi. mais certains se détestent, tu sais, ces jeunes homos qui ont un taux de suicide beaucoup plus élevé que la moyenne. Mais d'ailleurs chez les gens tout à fait "normaux" aussi cela existe, des êtres complexés, torturés, que ce soit par leur apparence, leur sexualité ou n'importe quel défaut que les amoureux de la vie transformerait en qualité, ou du moins en simple caractéristique.
Tant mieux pour toi aussi si tu ne te reconnais pas dans mon histoire. Mais j'ai lu des dizaines de témoignages ces derniers temps et je ressemble à beaucoup de gens. Toute cette histoire, ma vie, me parait détestable. Et le fait de ne pouvoir être un mec "bio" me dégoutera toujours, qu'importe toutes les opérations et les accessoires qui peuvent exister pour pallier les différences.
Heureusement que des gens comme toi existe pour montrer à tout le monde, ceux qui se découvrent et ont peur, et la société en général, une image positive des trans.
Et si je t'énerves et que tu ne me juges pas représentative, c'est pas grave puisque je ne veux rien représenter du tout, j'ai juste pas envie d'être trans. Je voudrais être un mec point. A la rigueur une fille. Un truc bien ciblé, pas un entre deux. "


En relisant tout cela, j'ai réalisé combien ma mentalité, mon identité et mon approche des trans-identités en général avaient évolués. J'en avais déjà conscience, mais lire "je voudrais être un mec point. À la rigueur une fille. Un truc bien ciblé", savoir que j'ai écrit ces mots tout en me sentant totalement étranger à cet état d'esprit, à cette conception des genres, me permet de mesurer la distance qui me sépare de l'ancien(ne) Caro(t), le chemin parcouru et la maturité que j'ai acquérie. C'est d'autant plus flagrant lorsque l'on compare avec cet article que j'ai écrit, il y a quelque mois, pour le journal du Mag:


"[...] Pour moi, la question se pose ainsi : qui suis-je ? Comment puis-je me définir ? Je ne peux pas m'identifier comme un garçon à 100%... Bien sûr, je m'affirme comme tel, j'ai, j'aurais le rôle social d'un homme, mais historiquement, génétiquement et physiquement, je suis loin de l'homme bio, né de sexe masculin ; à mon sens, l'identité trans pourrait se résumer à accepter ce fait. Se revendiquer homme et s'assumer trans, ou l'inverse. Loin de moi l'idée de le crier sur les toits, de l'annoncer à chaque personne que je rencontre, mais je ne peux pas faire comme ceux qui tirent un trait sur leur vie d'avant, qui vont jusqu'à déménager et couper les ponts avec leurs vieilles connaissances. Je ne me considère pas avant tout comme trans, mais tout me le rappelle, ce serait me mentir que de me considérer que comme un mec.
FtM est pour moi la meilleure définition ; s'il faut poser une étiquette, me ranger dans une case, c'est celle là qui me correspond.
L'amie avec qui j'en discutais me répliqua que cela pouvait paraître troublant pour les personnes qui m'ont connu avant que je ne débute ma transition, et qui s'efforcent à me voir comme un garçon. Je ne veux pas que les gens me voient autrement ! Je suis un garçon, avec un bémol, c'est que je ne l'ai pas toujours été : même mal dans ma peau, j'ai été adolescente, j'ai eu un vécu de fille... Je ne peux pas oublier toute cette période, c'est mon passé qui m'a construit, qui fait l'homme que je suis aujourd'hui."


Cette évolution de ma pensée, de mon affirmation personnelle ne s'est pas faite progressivement mais plutôt graduellement, au rythme de mes rencontres réelles ou virtuelles avec d'autres trans, d'évènements saillants de ma vie et de mes débats intérieurs. Elle s'est accélérée lorsque j'ai commencé à prendre de la testostérone: au fur et à mesure que ma masculinité s'affirmait, mon équilibre mental s'est considérablement amélioré.
Auparavant, il existait une dualité en moi, mon côté féminin et mon côté masculin: "il y a ce garçon et moi, ce garçon qui est moi... Mais qui n’existe pas, en tant qu’être de chair. A là place il y a cette fille (toujours moi !)" (lettre à Vivi, Août 2005). Je distinguais les deux jusqu'à leur donner la parole à l'une puis à l'autre dans deux poèmes que j'ai déjà publié ici et .
Avant ma transition, je tentais inconsciemment de réduire à néant mon côté masculin; lorsque j'ai décidé de la commencer, je suis tombé dans l'extrême inverse, tentant d'étouffer ma féminité. Le traitement hormonal, les changements qu'il m'a apporté (voix, pilosité, dicklit, etc...) m'a permis de me sentir mieux dans ma peau et finalement d'accepter ce que j'étais, ce que je devenais, bref de me réconcilier avec moi-même. Qu'on se le dise, Eric est le genre de mec parfait, masculin mais en accord avec son côté féminin ;o) !

19.9.07

Le rêve américain !

C'est certain à présent, j'irais me faire opérer à San Francisco ! Le docteur Brownstein apparait comme étant l'un des meilleurs chirurgiens au monde qui pratique la mastectomie. Depuis le début de ma transition, j'espérais pouvoir être opérer par lui, mais le prix, la distance... m'ont un temps détourné de cette perspective. J'ai cherché ailleurs, en France, en Belgique... Aucune équipe, aucun chirurgien ne m'a totalement convaincu. J'ai réalisé que je risquais fortement de regretter d'opter pour un choix au rabais, pour un autre que Brownstein.
C'est décidé, mais le projet est loin d'être bouclé. J'ai écrit à l'administration de sa clinique, qui m'a répondu qu'aucune date n'était disponible avant la mi-janvier. J'ai renvoyé hier ma fiche patient remplie dans un anglais approximatif... Dès que ma "candidature" sera acceptée, j'organiserais le voyage ! Ma mère tient à être à mes côtés pour cette grande étape, et je serais également accompagné de ma soeur. Avant ou après l'opération, nous ferons certainement une escale à Washington D.C., où elle vit actuellement, pour voir mes neveux et mon beau-frère.

... J'ai écrit tout cela il y a 3 jours, mais n'ayant plus internet à domicile, je n'ai pu le publier. Depuis, j'ai reçu un mail de Denise, la secrétaire, me demandant de fixer la date, le lendemain j'écris à ma soeur pour qu'elle choisisse et dans la même journée, elle me répond, écrit à Denise, obtient une date: le 4 février 2008. Dans 144 jours, je me ferais opérer. 3 jours auparavant, j'aurais eu mon premier rendez-vous avec le Dr Brownstein. 15 ou 20 jours après, je rentrerais en France, en homme nouveau !

Ma mère aujourd'hui, citant une conversation qu'elle a eu avec ma soeur à propos de ce voyage: "Je veux y aller avec elle, et rentrer avec lui."

25.7.07

N.B: Je n'ai reçu aucun mail dernièrement, ou alors vraiment noyé dans les spams, donc j'ai une nouvelle adresse: kitten_in_the_moon at laposte.net ...
Désolé pour ceux qui m'ont écrit et à qui je n'ai pu répondre !

Panne sèche

"J'aimerai pouvoir parler de moi, mais je n'y arrive plus."
(J'ai emprunté cette phrase dans un blog, elle se reconnaitra si un jour elle passe par içi: merci.)

Plus de deux mois que je n'ai rien écrit... Je n'ai pas été totalement overbooké tout ce temps, je ne suis pas tombé en dépression, je n'ai pas arrêté ma transition... Enfin j'ignore tout ce que l'on peut s'imaginer lorsque quelqu'un s'absente de son blog, mais il ne m'est rien arrivé. La simple vérité c'est que je ne sais plus trop que dire. Je ne sais plus comment me raconter, par quel bout commencer... Il y a l'essentiel, comme une grande conversation avec mon père sur ma transition, alors que cela a été un sujet tabou durant un an et demi; le "pour info", les premiers poils au menton; le futile, les dizaines d'anecdotes, des faits ou des paroles ayant un lien avec ma transition, qui auraient pu trouver leur place içi.

Il y a ce CAP que j'ai réussi, ... où est-ce que j'ai "rangé" ce papier, bon sang? Mon premier papier officiel au nom d'Eric. J'ai vérifié, il n'existe aucun (autre) Eric C. en France: un fantôme est titulaire d'un CAP cuisine.
Il y a ces épreuves passées pour avoir cette examen, où présentant ma carte d'identité et muni d'une lettre de mon avocat, d'une autre de mon psy, j'ai dû expliquer et argumenter ma situation.
Il y a ces contrôles de police où je dois affirmer que Caroline, c'est bel et bien moi.
Il y a cette échographie pelvienne, que mon endocrinologue m'a demandé en juin, un souvenir humiliant, deux médecins qui discutent de mon cas devant moi, les jambes écartées.
Il y a mon ORL, que je n'avais pas vu depuis deux ou trois ans, qui me "remercie de ma fidélité", comme si en changeant de sexe, j'aurais dû changer mon carnet d'adresse.
Il y a ce copain, le dernier de la bande qui présente encore des difficultées à me considérer comme Eric, tout étonné de constater que dans une soirée ou nul me connait, tout le monde me prend réellement pour un mec.
Il y a Eric au restaurant, point final, et toute la brigade qui demande au plongeur de fermer sa gueule lorsqu'il revient sur le sujet en me posant des questions trop gênantes.
Il y a ces futurs entretiens d'embauche qui me donnent déjà des cauchemars.
Il y a cette opération qui n'en fini pas de s'éloigner, parce que je ne parviens pas à me résigner à la faire en France, et que si je veux partir aux Etats-Unis, il faut que je m'en donne les moyens.

Voilà, j'ai fait le tour de la question, ou presque, mais sans vraiment parler de moi. Ce que je ressens, mon état d'esprit... Impossible de poser des mots dessus.

3.7.07

Brouillon***



"Je ne me sens pas "enfermé" dans un corps femelle, mais plutôt encombré par mon mon corps et ses représentations et attentes sociales qui ne me correspondent pas."

8.5.07

Annif de Victor


Tonce, Victor et moi, samedi soir.
J'veux le même t-shirt que lui, "fashion army t-guy"!

6.5.07

A voté !

Je me présente au bureau de vote muni de ma carte d'identité, ma carte d'électeur ainsi que celle de ma mère, et sa procuration. "A voté!". C'est mon tour, je tends mes papiers:
" - Numéro...Ah non, attendez. Euh...vous avez oublié la votre.
- Non, non, c'est celle que vous tenez dans la main !
- Ah." Il se concentre, relis une carte, l'autre, la procuration, puis revient sur ma carte... "Mais..."
Je lui conseille de regarder ma carte d'identité, de tenter le rapprochement avec ma personne.
Il lève les yeux vers moi: "Caroline?" J'acquiesce, avec le sourire, il est visiblement perturbé et ça m'amuse. Il bredouille "Oh, excusez-moi, je ne savais pas que c'était un prénom mixte!".
Dans l'isoloir, je les entends discuter:
"- Mais alors, c'est il ou elle?
- C'est il, mais il s'appelle Caroline.
-... Mais il y a quand même écrit mademoiselle sur mon registre !
- Je m'étais déjà posé la question il y a 15 jours... "
1er vote validé, je vais signer au registre:
"- Il y a une erreur, regardez, "Melle"...
- (soupir) C'est normal. Je signe où?"
"A voté." Celui là était pour moi. Je retourne dans l'isoloir, appuie sur les mêmes boutons... "A voté." Je sens neuf paires d'yeux braqués sur moi, me détaillant des pieds à la tête, cherchant une explication plausible... Silence, un temps.
"- Il faudrait peut-être lui rendre ses papiers...
- Ah! Oui. Tenez monsieur. Aurevoir !"
Apparement, pour lui, c'est forcément une erreur de l'administration!

25.4.07

Brouillon*

J'ai réalisé récemment que j'en avait pratiquement plus rien à carrer de passer comme une fille en famille... Je ne parle pas de la cellule familiale, papa-maman-frère-soeur, mais la famille étendue, celle qu'on ne voit qu'une fois l'an, au mieux.
Récemment, l'anniversaire d'un oncle fut l'occasion de grandes retrouvailles familiales. J'ai eu le droit à du elle, du Caroline ou Caro toute la soirée, et cela ne m'a pas vraiment gêné. Ils étaient tous au courant, mais ne m'avaient pas vu depuis... Bien sûr personne n'en a parlé, ormis, en aparté, l'oncle en question qui m'a assuré de son soutien. Le seul truc que je redoutais, c'est que généralement on me parle de trucs de filles, on me pose des questions sur d'éventuels petits copains, etc. Mais non, au contraire, j'ai même participé à des conversations de mecs, sans que cela paraisse bizarre. Après, la grammaire, le prénom, c'est juste une question d'habitude. Ca en devient presque des détails...
Le seul truc qui m'a emmerdé, c'est ma tante qui débarque: "Salut la miss", alors que pour le coup, elle le sait depuis le début, je le lui ai dit, on en a parlé, elle ne l'a jamais accepté, bref c'était bien fait pour faire chier et ce fut réussi.

Parallèlement, j'ai remarqué que je ne relevais même plus les bugs, lapsus de mes amis, un elle ou un carot au détour d'une phrase, souvent immédiatement ratrapé, avec excuse en prime.
Je crois qu'au tout début de ma transition, pour me construire, j'avais grand besoin du regard des autres, de leur approbation, de leur soutien. Ma confiance en moi-même, en ma masculinité apparente était défaillante et je percevais chaque féminin à mon égard comme une négation de mon être.
Aujourd'hui, je suis plus sûr de moi, bien dans mon identité mec et trans, à défaut de l'être dans mon corps, et ces erreurs me passent au dessus.

2.4.07

Retour sur le passé - épisode 6

Je me suis arrêté de raconter le tout début de ma transition, avant la création de ce blog, au 10 août 2005. La veille, j'avais remis à Vivi une lettre où je lui avouais être trans...
Je voudrais revenir sur la suite de cette histoire, sur l'évolution de notre relation, la remise en question de notre couple... Avant de relire ses textos que j'ai recopié ici, j'avais oublié que cela avais pris deux mois pour que la situation s'apaise, deux mois où ne dormions plus beaucoup. Elle se demandait si elle pouvait me suivre dans cette transformation, et moi, qui ne voulait pas trop y croire, j'essayais déjà de me blinder pour apprendre à avancer avec ou sans Elle... Mais comment continuer sans la personne qui m'avait révélé à moi-même?


9/8/05 Heureusement que je ne l'ai pas lu ac toi, je serais restée sans mot juste après sa lecture... Cette lettre aura sa réponse à travers une autre ms je ne sais pas qd je commencerais à l'écrire. (...) Bcp de choses cogitent ds mon esprit et il faut d'abord que j'y fasse un tri. Sache que le sujet ne m'étonne absolument pas, au contraire, j'attendais que tu l'abordes enfin... mais j'essayerais d'être plus explicite dans le courrier que tu recevras ! (...)

Un courrier qui se fit attendre... 20 jours plus tard:

30/8/05 You've got a mail ! à tte !

Et dans ce mail était écrit entre autre:
« Enfin ! », voilà exactement le terme qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai terminé de lire ta lettre. J’ai alors ressenti une certaine forme de soulagement, rassurée que tu aies enfin mis le doigt sur la cause majeure de ton mal être [...].En réussissant à percer un minimum ta carapace, j’ai pu décrypter certains signes, parfois invisibles, que tu sais envoyer… Ton comportement, ce qui te caractérise, tes différentes facettes, bref une petite partie de ce que tu es m’est moins étrangère depuis quelques temps… C’est donc peut être la raison pour laquelle je ne fus pas surprise, que je m’y attendais… [...] Ce garçon qui vit en toi, qui ressurgit, parfois même sans que tu t’en aperçoives, à travers des paroles, des gestes, attitudes… fait partie intégrante de ce que tu es et lorsque l’on commence à te connaître, il s’impose alors comme une évidence, on ne peut le renier. [...]
Bref.« Il s’avère que je puisse être transgenre »,je l’ai dit plus haut je m’y attendais pourtant en lisant ce mot, ce fut tout de même un choc…Je n’aime pas rester sur des a priori sur quelque sujet qu’il soit, et les seules images me venant à l’esprit à propos des transsexuels étant celles de la majorité des gens en général (folklore travestis que les médias font ressortir lors de la gaypride par exemple),j’ai décidé de m’informer réellement sur le sujet ! Et les différents témoignages, articles que j’ai pu lire se rapprochaient, pour de nombreux points, à ton cas… Donc cette hypothèse pourrait bien se transformer en vérité…,mais avant cela comme l’a dit Julien il faut que tu consultes un psy pour que tu puisses enfin commencer un travail sur toi-même,ce qui te permettra à la longue de te comprendre et, ce qui est primordial, de t’accepter. [...]
Alors si le destin (ou ce que tu veux d’autre) a décidé que nos chemins devaient s’entrecroiser un jour, c’est peut être qu’il voulait que je t’accompagne dans ta quête personnelle… Si c’est le cas, sache que je serai près de toi pour t’y aider aussi longtemps que tu le souhaiteras…"

Et 5 jours plus tard, un post-scriptum :

4/9/05 Le mail que je t'ai envoyé a dévoilé ce que je ressentais vis-à-vis de ça, et c'est tout simplement la vérité. seulement au fur et à mesure que je lisais "un homme en elle", une voix s'est élevée en moi, celle qui avait encore l'espoir que le psy t'aiderait à y voir plus clair, et que ça s'arrêterait donc là... qui me disait et qui me dit toujours que je n'aurais peut-être pas la force de te suivre jusqu'au bout... 3 jours que j'ai fini le bouquin, autant de nuits où je ne trouve pas le sommeil, tiraillée en permanence entre ces deux parts de moi qui ne cessent de s'opposer... (...) Je me demande qd enfin tout ceci cessera, qd j'arriverais à savoir si je pourrais te suivre réellement ou pas car tout ceci devient plus qu'épuisant...

À partir de là, je ne savais plus moi-même quoi penser, ce que je pouvais me permettre d'espérer... Un peu par provocation, juste pour remettre le sujet sur le tapis, je lui ai envoyé un message évoquant mon "rebaptême", et la possibilité (au second degré), de me faire appeler Alphonse, en référence à une chanson de Lynda Lemay. La réponse fut brutale:

17/9/05 Tu peux faire de ta vie une farce, no pb, au contraire ! Par contre pour le rebaptême moi serais pas au rendez-vous...

Explications dans la nuit:

17/9/05 Au bout de 15 jours d'insomnie, je commence enfin à comprendre les 3 voix qui s'élèvent et se combattent en moi: la 1ère c'est celle qui m'a dicté le mail que je t'ai send, la deuxième c'est celle qui est égoïste, qui refuse d'accepter ce que j'ai appris, qui serait capable de me pousser à m'éloigner de toi peu à peu... Et enfin la troisième, celle que je vais sans doute retenir car c'est la plus objective, la plus raisonnée: elle refuse également ms ne laisse pas intervenir mes sentiments, elle refuse puisqu'elle sent que ça sera sûrement une grosse erreur si tu commences un jour cette transformation... Peur de tout ce qu'elle a pu lire et que tu devras endurer, peur que tu ne trouves pas la force nécessaire qu'il faudra garder jusqu'au bout... Cette part de moi qui t'aime et qui est effrayée pour toi... 17/9/05 Pas de réponse? C'est déstabilisant... Je voudrais juste rajouter que je ne veux pas pour l'instant, mais plutôt que tu reportes ta décision dans quelques années... Je veux juste que tu prennes un peu de recul pour mesurer vraiment mais vraiment toutes les conséquences de cet acte... Mais je le redis encore une fois, c'est ta vie, je ne peux rien dire même si ça en vient parfois à m'étouffer d'inquiétude pour toi... mais bref je me tais

Quelques jours plus tard:
24/9/05 On peut se voir ce soir juste une heure pour parler ou du moins essayer? mais si tu préfère ne pas te prendre la tête sur ça tonight et profiter de ta soirée chez marie ac les autres, je comprendrais

Comme si passer une bonne soirée était prioritaire sur une tentative de surmonter l'épreuve que l'on traversait...
On s'est vu, on a un peu parlé, un peu pleuré, Elle m'a fait part de ses craintes, je lui disais que s'il le fallait, je repousserais la transition, j'attendrais; Elle refusait ce sacrifice de ma part, refusait d'être la raison qui m'empêcherait d'entamer cette démarche qui me sauverait. J'avais peur de commencer sans Elle, et de le regretter un jour, et peur de rester ainsi, avec Elle, et de le lui reprocher plus tard... On s'est quitté sur cette impasse, j'ai rejoins mes amis, puis j'ai sûrement dû trop boire ce soir là...

Le 1er Octobre au matin, je lui ai envoyé ce texto:
jé fais 2 reves très précis cette nuit et ds l'un d'entre eux on se mariait.on flottait ds le ciel,emporté par un courant d'air et on se posait pr prononcer nos voeux.tu étais magnifique ds ta robe de mariée,à tombé par terre. jme trouvais beau ds mon costume old fashion.et puis à terre jté glissé que le seul interet du mariage cé l'instant ou on me dira "vs pouvez embrasser la mariée".on s'embrasse,on s'enfuit par les airs.jme suis reveillé ac le smile!

3/10/05 Générique de fin de "Boys don't cry", film poignant, intense... En le voyant ça m'a conforté dans l'idée que j'ai en ce moment sur nous deux. Je ne sais toujours pas quoi penser, suis encore complètement perdue et je ne dois rien laisser transparaître du matin au soir, mais ça c'est pas nouveau ! Bref tout ça pour dire que le mariage on y est pas encore, loin de là, on va vivre au jour le jour et on verra bien où tout ça mènera... oki? J'te promets rien sauf une chose: être toujours présente d'une manière ou d'une autre ds le paysage de ta vie...

J'ignore ce que j'ai pu écrire pour obtenir cette réponse, sûrement une vaine tentative d'atténuer ses craintes:

4/10/05 C'est même pas une question d'éviter ou pas vu que depuis le début, je te le dis et j'en suis convaincu que tu va changer... et c'est pour ça qu'outre la transformation physique, je me demande surtout jusqu'où je pourrais suivre quant aux modifications psychiques et à quel moment je vais commencer à peu à peu décrocher...

À quel moment va-t-Elle commencer à se détacher? Est-ce que je le verrais arriver? Vivons au jour le jour et advienne que pourra...

Le mot de la fin:

19/10/05 bonjour ! bien sûr que je ne t'en veux pas, d'ailleurs pourquoi? Et puis je me répète mais t'en ai-je déjà voulu pour quelque chose?? alors pas de nouvelle parce que j'attendais juste que la colère de monsieur se calme quelque peu, apparemment c'est fait ! ;)






PS: Cela ne fait pas si longtemps, quelques mois à peine, que j'ai cessé de craindre que ma transition ne nous éloigne peu à peu. J'ai réalisé qu'en fait, cela nous avait rapproché, et même consolidé. Elle est devenu si essentielle à mon équilibre, à mon bonheur, que je n'ose me demander ce que je serais devenu si j'avais dû avancer sans sa présence à mes côtés...


Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main, dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues
Terre, terre, voici ses rades inconnues

Aragon

28.3.07

Routine


Presque deux mois que je n'ai pas posté! J'avais prévenu lors de l'inauguration de ce blog qu'il n'avait pas une grande espérance de vie, et finalement cela fait bien un an et demi que je le tiens. Je relisais mes journaux intimes récemment, et j'ai remarqué que j'arretais d'écrire à chaque fois que je me trouvais dans le creux de la vague...
Ceci est un blog consacré à ma transition, et si je ne poste plus beaucoup, c'est qu'il n'y a rien de neuf à raconter, et que ça me désespère. J'écrivais sur le forum Variations, il y a 3 mois, "j'en ai marre de ronger mon frein, de prendre mon mal(être) en patience", et aujourd'hui ma patience est à bout, mais je ne peux y faire grand chose pour le moment. Pas d'autre choix que de prendre sur moi et de me plonger dans ma routine, en cherchant à accélerer le temps... Jusqu'aux prochaines pages blanches de mon agenda, en septembre!
Je suis loin d'être déprimé, plutôt habité par une sorte de rage intérieure, heureusement atténuée par le fait qu'hormis ma transition, ma vie est plutôt équilibrée, ce qui n'exclue pas des passages à vide ou des moments où je suis à bout de nerfs...
Des jours, pourtant semblables aux autres, que je vis comme un calvaire, dès le moment où, comme chaque matin, je superpose mes t-shirts compresseurs. Différentes combinaisons sont possibles (selon la taille, la longueur...) et donc un choix s'offre à moi: aujourd'hui, est-ce que je veux respirer et craindre que quelqu'un remarque quoique ce soit, ou être libéré du regard des autres quitte à restreindre ma liberté de mouvement... Ces jours là, quoique je fasse,je prendrais la mauvaise option. Ensuite, que je sois à l'école ou en entreprise, je me retrouve près des fourneaux, et plus la chaleur monte, plus j'etouffe, un malaise surpassé par le plaisir que je prends, mais constamment présent, en sourdine.
Des jours où je peut prendre mal n'importe quelle reflexion portant sur le sexe ou le genre. Même si elle est positive, qu'elle me conforte dans ma masculinité, dans ma tête une voix gueule: "Mais je ne suis pas un homme putain, mon 95C tu ne le vois peut-être pas, mais je ne l'oublie pas!"....
Une rage intérieure que j'aimerais évacuer autrement qu'en fumée...



30.1.07

Les petites remarques quotidiennes

Extraits tirés de ma journée d'aujourd'hui, en cuisine:

Ma collègue qui me dit en déconnant: "J'ai envie d'être casse-couille avec toi aujourd'hui !" et le chef, entendant cela, qui réplique: "Pour cela, il faudrait qu'il en ait!".

Mon chef de partie : "Merde Eric, t'es incapable de faire deux choses en même temps, de te concentrer sur ce que tu fais et d'écouter ce que je te dis?? [bah nan...] Il y a une fille un jour qui m'a sorti que c'était bien un truc de mec ça ! Qui sait, ca prouve peut-être quelque chose !... "

Le plongeur, m'entendant répondre "avec ma copine" à une serveuse qui me demandait avec qui j'allais au concert de Shakira: "Il a une copine??" Elle : "On te parle, Ahmed?" Lui: "Mais il.. Il est même pas
terminé!"

4.1.07


Eh au fait... Bonne année à tous !
J'allais répondre à un commentaire d'Alex sur mon dicklit lorsque j'ai réalisé que je n'avais pas ou prou aborder le sujet... Pourtant, s'il y a bien un effet incontestable de la testo, c'est bien l'augmentation exponentielle de ma libido ! Je me souviens d'un fil de conversation sur la sexualité des trans ("parlons en!'") où je disais pouvoir incarner le petit "saint" du forum, et qu'on m'a répliqué que l'on en reparlera après ma prise d'hormones... Et donc... Si je ne me masturbe pas plus - c'est-à-dire pas du tout -, il est vrai que j'y pense très souvent et qu'il me suffit parfois de pas grand chose pour que je sente mon dicklit bander. C'était une sensation surprenante au début (pas "mais que se passe-t-il dans mon calfut?" mais presque, c'est si différent qu'avant), et toujours aussi jouissive.
Après, pour répondre précisément, j'ai vérifié sur ma règle: 4-5 cm, ca me parait assez grand quand même ! 3 cm en érection me parait plus vraisemblable; mais si j'ai atteint mon taux normal de testo, ma "puberté" n'est pas terminée. Wait and see...

3.1.07

Club

Je suis parti avec ma famille au Club Med de Chamonix pour la semaine de Noël. Pour des vacances à la montagne alors qu'il n'y avait pas de neige, c'était plutôt sympa !
Ce fut l'occasion pour mes parents de se confronter à la réalité de mon existence en tant qu'Eric. Je me rappelle surtout de la 1ère anecdote, le soir de Noël: nous étions attablé avec une famille avec qui nous discutions, le niveau basique de la conversation entre personnes qui se rencontrent: d'où venez vous, vous faites quoi dans la vie etc. Nous en étions au dessert lorsque ma mère évoque ma grande soeur; la femme s'exclame alors: "Ah d'accord ! Je comprends mieux, parceque depuis tout à l'heure vous parliez de votre fille, mais là je ne vois que vos deux fils..." Je me suis levé de table avec un sourire en coin, ma mère continuant la conversation comme si de rien n'était...
Le lendemain, au petit déjeuner, ma mère et moi avons fait connaissance avec une femme et ses deux enfants, 19 et 24 ans, que nous avons retrouvés plusieurs fois dans la semaine. Au fil des conversations, ils ont remarqués que ma famille usait du féminin pour me désigner et s'en sont étonné. Je n'étais pas là, c'est ma mère qui me l'a rapporté et m'a raconté qu'ils ont donc expliqué qu'ils avait du mal à s'habituer... Mon frère sortant une phrase du style: "quand même, vous comprenez, ca fait 19 ans que c'était ma soeur !". Cela n'empêche qu'ils ont continué à m'appeler Eric et à parler de moi à ma mère comme son 2ème fils.
Au final, cette semaine m'a permis d'essayer de m'affirmer en la présence de ma famille, et de vérifier aussi qu'il m'est toujours impossible de les laisser rencontrer une connaissance, une personne plus ou moins proche qui ignorerait cette partie de moi, sans être trahi à un moment donné - involontairement ou peut-être par manque de volonté de contrôler ses propos, justement -. Je doute notamment qu'Eric rentre un jour dans les moeurs... Cela ne me dérange pas de répondre à Carot entre nous, mais en public, je sers les dents ! Ma mère essaye d'éviter d'ailleurs, m'appelle "mon petit cuistot" :)...