28.7.06

Ma bonne étoile






Ceci n'est pas le blog d'un trans comme les autres.
C'est l'histoire d'un être né sous une bonne étoile.
Une étoile ressemblant à un flocon de neige...







Finalement, la majorité de mes problèmes et des drames (à mon échelle) qui jalonnent mon existence sont similaires à ceux du commun des mortels (sous-entendu, les personnes bios) et les difficultées que me posent ma transition sont mineurs comparés à tout ce à quoi j'aurais pu être confronté: rejets, blâmes (à quelques exceptions près mais elles sont insignifiantes lorsque la majorité m'accorde l'indifférence ou mieux, le soutien), moqueries, impossibilité de vivre ma vie étudiante et professionnelle dans mon genre... Bien sûr, je rencontre souvent le scepticisme et l'incompréhension, mais ce serait mal venu de ma part de me plaindre !

J'aurais pu... avoir un visage plus féminin m'empêchant totalement de passer simplement en coupant mes cheveux et en compressant ma poitrine; ne pas avoir les capacités financières pour seulement amorcer ma transition; voir des amis me tourner le dos ou voir des gens se prétendant mes amis ne faire aucun effort pour s'adapter à ma nouvelle identité; avoir des parents me reniant ou refusant totalement ne serait-ce que de réflechir sur l'éventualité que je puisse...; me chercher longtemps encore et passer à côté d'une partie de ma vie; ne pas avoir la force morale d'entamer ce parcours; être de nature dépressive ou placer ma vie et mes espoirs dans cette transition et avoir le moral à zéro à chaque embûche; bloquer ma vie sociale parceque je ne ressemble ni vraiment à une fille ni tout à fait à un garçon et que je ne supporterais absolument pas le doute dans les yeux d'autrui; être né dans un autre milieu ou à une autre époque... Bref, j'aurais pu connaitre toutes ces difficultées qui sont souvent le lot quotidien de la plupart des trans, et aujourd'hui je suis heureux de la vie que j'ai et d'être simplement moi.

Sans aucun papier légal qui justifie sa réalité, Eric existe néanmoins pour mes amis, mon école et mon employeur. J'existe sans devoir endosser un rôle dans toute les sphères de ma vie, ou presque: bien que ma famille (globalement) ne me reconnait pas, je peux rester moi-même et n'ai pas à interpréter Caroline.

Allez, j'en rajoute une couche dans l'auto-satisfaction: rien n'est parfais, mais n'étant pas si exigeant, je me déclare aujourd'hui comblé par mon existence.
D'autant plus que j'ai l'Amour (vi, avec un grand A comme dans "Ah que je suis amoureux!") mais je m'arrête là parceque les gens qui dégoulinent de bonheur, au final ca exaspère !

Au fait, ma philosophie de la vie: je m'attends toujours au pire tout en espérant le meilleur. Jamais déçu, souvent rassuré, je vois quelquefois mes espérances réalisées.


En espérant que je tiendrais le même discours dans un mois, dans un an...

27.7.06

La guerre des poils

Je les ai oubliés dans mon checkup... Et pourtant la testo a bien relancé ma pilosité.
C'est la Guerre du Poil: Le Retour. Parcequ'il y a eu un chapitre 1: durant 3 ans approximativement et jusqu'en septembre dernier, j'ai attaqué mon système pileux avec cet engin de torture que l'on appelle l'épilatrice électrique. Les jambes, les aisselles et parfois même le maillot (et là je gagne le profond respect de la gente féminine lol)... Très vite, sur les jambes en tout cas, les poils ont abandonnés, se sont dispersés.
Cette année j'ai laissé la nature reprendre ses droits et, si au niveau des aisselles les poils ont vite reconquéri le terrain, très peu ont osé réaparaitre sur mes jambes... Jusqu'à ce que je commence le traitement hormonal. La testo a manifestement redonné du courage à l'armée de poils-jambes qui se sont multipliés et épaissis. Certains s'aventurent même sur mes cuisses !

Donc, résumons, 2 mois de traitement hormonal a fait réaparaitre une pilosité là où mon acharnement l'avait pratiquement éradiqué (jambes). Elle a fait naitre quelques poils là où il n'y avait que du duvet (poitrine). Affaire à suivre, mais je m'y intéresserais vraiment lorsque cela concernera mon visage...

PS: La reconquête de mon corps par les poils a commencé et je les laisserais faire avec la plus grande joie, mais je préviens: il y aura un épisode 3 si je me transforme en chimpanzé !!

20.7.06

2ème mois sous testo

4ème injection aujourd'hui. J'en suis à mon deuxième mois de traitement et rien à signaler, ou presque:
- mon clito a changé de forme, comme s'il était en érection permanente, sans pour autant devenir vraiment plus sensible.
- pour le moment, plus de règles, seulement quelques très légers saignements occasionnels.
- mon timbre de voix se serait un peu aggravé (?), en tout cas on m'en a fait la remarque.
Pas d'autres changement physique notable.
Et au niveau de l'humeur général, je ne me suis pas aperçu d'une quelconque modification.

1er check up donc, il faudra que je le fasse tous les mois par la suite pour bien tenir ce journal de ma transition !

13.7.06

Enfin ai-je trouvé un coiffeur pour me faire ça !!
C'était au Solidays... 3 jours, 3 sauts à l'elastique, des concerts, des rencontres, un match... Et beaucoup de Redbull pour profiter de tout cela !
Quand tout va bien mais.... C'est toujours la famille qui foire. Et quand rien ne va, elle en rajoute une couche. Le fuck du post précédent lui est dédié, d'une manière général.

Et en ce qui concerne le dernier paragraphe, je ne peux raconter ce qu'il s'est passé (enfin plutôt ce qui s'est dit). Juste dire que je continue ma transition, même si lui continue à se détruire à petit feu... Je voudrais bien l'aider mais comment? Autrement qu'en arrêtant ou reportant la reconstruction de ma vie en tout cas...

Merci Chris pour ton dernier mail.

7.7.06

Cléo


"Tu veux être un mec alors il faut savoir qu'une fille peut faire ce qu'elle veut de toi..."
"Tu vois Petit Être, l'amour c'est beau, c'est important, mais ça n'est pas tout. Tu passes à côté de choses essentielles. Et dans ta transition tu as besoin de te sentir désirable et désiré..."

5.7.06

Fuck

Si j'avais eu le temps de poster hier, j'aurais raconté que j'étais privé de mon activité favorite, me plaindre, parce que tout allait bien dans le meilleur des mondes, tout allait mieux que je n'osais l'espérer...

Samedi soir, la France a gagné contre le Brésil. Des milliers de personnes étaient réunies sur les champs pour célébrer l'évènement et, non loin de là, mes amis et moi fêtions mon anniversaire et ma victoire personnelle, la testo qui coule dans mes veines...
"Un discours, un discours!" J'ai abrégé en disant "Je vous aime!", et je voulais dire par là: "Je vous remercie tous d'être là, d'être encore là pour les anciens car j'avais peur de perdre quelques uns d'entre vous en route. Je vous remercie d'avoir gardé pour Carot/Eric l'amitié que vous aviez pour Caroline. Pour ceux que j'ai rencontré cette année, qui ne m'ont connus qu'ainsi, si vous êtes là c'est que je suis heureux de vous connaitre, et de partager tout cela avec vous !"

Vous vous rappelez, j'ai écrit que j'appréhendais le moment où je devrais annoncer ma transsexualité à l'école à laquelle je suis inscrit pour l'année prochaine... Je n'ai finalement pas attendu septembre. J'ai eu la pré rentrée il y a deux semaines, et entre l'appel nom-prénom au tout début et l'annonce d'une journée d'intégration dans un centre nautique (apport du maillot de bain conseillé!), je me suis dit que cela ne devait pas attendre. J'ai demandé un entretien avec mon professeur principal, Mr P., qui m'a demandé de revenir après déjeuner. Ipod et clopes m'ont aidé à patienter, et à ne pas penser à ce que j'allais dire puisque lorsque je prépare mes discours cela foire toujours... Bref, je reviens et lui raconte grosso modo que j'allais changer de physionomie et de prénom au cours de l'année qui allait s'écouler, pour à terme, changer totalement d'identité et m'appeler Eric C., de sexe masculin. Là il se lève brusquement, et sors de la pièce, sans mot dire ! Deux minutes après, il revient avec le responsable pédagogique, à qui je réitère mon histoire. Je les sens tout deux très embarassés. Ce que je demande au juste? Savoir dans quelle mesure il était possible de faire mes études dans cet établissement en tant qu'Eric... "Je ne sais que vous répondre. Prenez rendez-vous avec notre assistante sociale. En tout cas, vous avez beaucoup de courage..." Dans cette dernière phrase, j'entends "on va essayer de vous aider dans la mesure du possible", et déjà je suis rassuré quant à leurs intentions et leur volonté de ne pas me créer plus de problèmes que j'en aurais déjà. Le lendemain, je prends rendez-vous et quelques jours après je reçois un message de Mr P. pour me rappeler de le faire ! Tiens, me dis-je, les informations ne passent pas très bien mais au moins ils pensent à moi!
Me voilà donc, lundi 3 au matin, dans le bureau de l'assistante sociale. Je raconte ma transition à venir, elle m'interroge sur mon passé, on discute un bout de temps, abordant la question du point de vue social, professionnel, administratif et psychologique.
En conclusion, je peux intégrer l'école en tant qu'Eric, je serais appelé ainsi par mes profs et l'administration, et sauf si je n'ai pas mon acte de notoriété à ce moment là, je passerais mes examens avec ce prénom...et d'ailleurs pour faciliter l'acte de notoriété que je vais demander dès la rentrée, elle va me faire un papier comme quoi j'existe en tant qu'Eric dans cet établissement ! J'étais soufflé. Tout ce que je désirais et même plus, acquis si simplement, avec le sourire et le soutien de l'assistante !
"Il faut être cohérent, vous serez dans le vestiaires des garçons!"... Euh... Ce sera une première pour moi. Pas sûr que je serais tout à fait à l'aise, m'enfin bon, pas de problème.

Hier, j'ai vu le voisin-médecin-connaissance de mes parents, j'avais été très réticent au départ pour prendre ce rendez-vous. J'étais las, j'en avais marre de me sentir évalué par des médecins en tout genre, j'étais énervé que mes parents aient besoin d'entendre un professionnel pour m'écouter, bref, j'y suis allé à reculons. L'entretien a duré 2h, et m'a fait beaucoup de bien. 2h où, en racontant mon histoire, j'en ai profité pour faire le point, où en répondant à ses questions je mettais de l'ordre dans mes idées. Il m'a raconté les cas qu'il connaissait où la transition s'est mal passée tout en excluant un rapport avec moi, a admis que je n'aurais pas ma place en équipe officiel, m'a trouvé sensé et refléchi. Son seul conseil, c'est qu'il me faudrait être suivi par un psychanalyste avec qui j'aborderais en profondeur toutes les facettes de ma transition, et le restant de ma vie également, en parallèle ou à la place de mon psychiatre; d'autant plus que j'ai exprimé le désir de faire une thérapie à un moment donné de ma vie.
Résumé: loin d'avoir perdu mon temps, cette rencontre et cet entretien pourrait m'être bénéfique.

Jusque là, tout va bien...


Et puis aujourd'hui... Je ne sais que penser, je ne sais à qui en parler. On dirait, en exagérant que très modérement, que ma transition est l'objet d'un chantage au suicide. Je ne peux m'expliquer, et puis je n'ai pas les idées assez claires et ordonnées pour en parler.

Fuck.