18.12.06

En résumé

Il y a des périodes - semaines, mois voir année - où je me sens plus spectateur qu'acteur de ma vie... L'impression que le déroulement de mon existence est réglée comme du papier musique... Comme si la mécanique était trop bien huilée, qu'il n'y avait plus besoin de moi pour la faire fonctionner. Il y a des périodes déprimantes où je fais le dos rond en attendant que le temps passe et me permette d'oublier ce qui me tracasse. C'est un peu tout cela en ce moment, et c'est pourquoi j'ai un peu déserté mon blog ces derniers temps. Alors voilà, cela fait plus d'un mois que je n'ai rien écrit, et je ne sais par où commencer.

Peut-être par le côté purement médical, le plus simple à raconter : il y a 2 semaines, le 5 décembre, j'avais rendez-vous avec mon endocrino. Cela fesait 3 mois que je me fesait injecter une demi ampoule d'Androtardyl, et j'aurais dû augmenter d'un quart. En fait, selon mes analyses, mon taux de testostérone est déjà dans la norme masculine, donc mon traitement ne bougera plus. Elle a donc renouvelé pour 6 mois mon ordonnance, mais constatant l'absence de pilosité faciale, elle a ajouté une application locale de gel (Andractim). Le problème, c'est que je prenais en parallèle un traitement contre l'acné dû à cette nouvelle puberté et l'association des deux (ou plutôt des trois: Andractim+Différine+Euryfluid) a eu un résultat plus que douteux. Bref, je fais l'impasse sur ces traitements locaux en attendant de trouver une solution... À noter, son étonnement quant à l'apparition de ma pomme d'Adam, j'ignore d'ailleurs si cela est fréquent chez les ftms.
Pas grand chose à rajouter sur les effets du traitements par rapports à mes précédents posts: ma voix s'est stabilisée, les veines de mes avant-bras deviennent plus saillantes, mes mains se sont épaissies, ma musculature continue de se développer... Mais il est difficile d'apprécier les changements lorsque l'on se voit tous les jours dans le miroir.

Niveau juridique: je ne sais plus si j'ai mentionné le fait que la notaire que j'avais contacté a finalement refusé de me faire un acte notarié. Suite à cela, ma mère m'a permis de contacter Me F., l'avocat de la famille, qui a décidé d'entamer une procédure de changement de prénom... J'ai profité de l'occasion pour réfléchir sérieusement au remplacement de mes 2ème et 3ème prénoms, sachant que l'un fait référence à mes origines vietnamiennes et l'autre espagnoles, et en parler avec elle. J'avais pensé à Esteban pour le 3ème, mais cela ne lui plaisait pas vraiment. Bref, on a finalement arrêté nos choix et me voilà rebaptisé Eric Tai Juan. Difficile de faire plus court! Il ne me reste plus qu'à fournir les témoignages de personnes certifiant me connaître sous le nom d'Eric pour que mon dossier soit complet. Bon, ce genre d'affaire peut prendre des mois voir plus d'un an avant d'aboutir, mais ne serait-ce que d'avoir la lettre indiquant qu'une procédure est en cours me facilite quelques démarches (aller chercher un courrier à la poste, passer mes examens...).

Ecole et entreprise : J'ai été assez déçu d'apprendre par Sandra et Guillemette, les deux filles à qui j'ai fait mon "coming-out inversé", que toute la classe était au courant de ma situation, et ce depuis un bon mois. J'aurais préféré garder le mystère un peu plus longtemps... En fait, ce qui m'a plutôt énervé, c'est la façon dont cela s'est produite: mon binôme, le mec qui bosse dans le même resto que moi (il est à l'école quand je suis en entreprise et inversement), a trouvé le moyen de raconter ma vie à quelqu'un qui l'a dit à quelqu'un qui... Et le bruit s'est propagé dans ma classe. Le côté positif de la chose, c'est que cette donnée n'a rien changé pour mes camarades; ni remarques, ni lapsus, aucun changement de comportement à mon égard, que dalle. C'est surprenant. Voir même encourageant en ce qui concerne l'évolution des mentalités... Pour le moment, ils ne savent pas que je sais qu'ils savent (^^), et c'est très bien ainsi. Même si ce n'est plus vraiment un secret, je ne tiens pas à en parler avec eux.
N'empêche que je trouve très salop de la part de mon binôme d'avoir divulgué cette information; heureusement que je ne le vois qu'en période de vacances scolaires, lorsqu'on travaille tout deux au restaurant, j'ai ainsi le temps de digérer... En parlant de restau, ça se passe plutôt mieux. Il me semble que certaines personnes commencent -seulement- à integrer Eric=il, je suis parfois même étonné du naturel avec lequel ils associent ces deux vocables ! Des jours où je me dis qu'aucune situation n'est désespérée...

Quid de la famille? Passons sur ma mère, qui a déjà fait l'objet d'un post rien qu'à elle... Quoique, il me parait important d'ajouter un progrès en cours: la multiplication des appellations masculines me concernant. Ca fait toujours plaisir de recevoir des messages commençant par "mon petit chéri" :)...
Mon frère également commence à accorder certains qualificatifs au masculin, et je ne sais si c'est un acte réflechi ou une forme de lapsus qui deviendrait progressivement un automatisme de sa part, mais ce fut un soulagement lorsque je l'ai remarqué. Je peux, à présent, sérieusement espérer que viendra le jour où cela sera devenu une habitude, et cela m'épargne de lui demander de faire un effort... Je ne sais exactement pourquoi je me refusais à lui imposer ainsi l'identité que je suis en train de me construire, contrairement à ce que je peux faire avec mes parents. Ce sont pas les mêmes rapports: eux ont placés de nombreux désirs et espoirs en moi, qui sait tout ce qu'ils ont pu projeter pour mon avenir en me voyant grandir... C'est cette image idéalisée de moi qu'il me faut déconstruire pour être accepté tel que je suis réellement, et leur forcer un peu la main et le seul moyen que j'ai trouvé pour cela. Le lien fraternel est forcément différent et me pousse à préferer que de sa part, tout vienne naturellement, comme un consentement tacite à ce que je deviens. Ou même une résignation...
Je ne pense pas avoir déjà parlé de lui içi. Saviez-vous seulement que j'ai un frère? Il a 22 ans, et sans lui je ne serais pas exactement le même aujourd'hui... Comme beaucoup de grands frères, c'était un modèle, il me fallait faire tout comme lui et si possible mieux que lui (pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs !). Il m'a appris à manger (précisons: à me servir de mes couverts) et à écrire (tenir mon stylo plume), deux choses essentielles dans ma vie: si ça se trouve, un autre frère et je n'aurais pas été cuisinier ni n'aurait tenu ce blog... Bon, j'extrapole peut-être un peu !
Parce que je n'ai pas grandi avec elle et qu'elle a bien le double de mon âge, la relation que j'ai avec ma soeur est incomparable à celle qui me lie à mon frère. En "vrai", ma demi-soeur, par ma mère, et également ma maraine; je ne sais plus à quel âge on m'a expliqué simplement que parain et maraine étaient là pour remplacer comme ils pouvaient père et mère s'ils venaient à disparaitre, mais j'avais pris cela très au sérieux ! Soeur pour ma vérité personnelle et mère remplaçante dans ma conception enfantine de l'organigramme familial, forcément quelqu'un de très important pour moi... C'est la première personne de la famille à qui j'ai avoué que j'étais trans. Après avoir manifesté une certaine désaprobation, je crois qu'elle a fini par se résigner à accepter. Ce qui m'embête c'est qu'elle se prépare actuellement à déménager aux Etats-Unis, et comment fera-t-elle pour s'habituer à son nouveau petit frère si on ne se voit plus? Mais surtout, et ça n'a rien à voir, ça m'attriste de penser que je ne verrais plus mes neveux grandir ! Ma seule crainte est que ma nièce ne devienne le stéréotype de la pom-pom girl américaine :p, mais pour pour en revenir au sujet du blog, en ce qui les concerne, on dirait qu'ils ont déjà integré ma nouvelle identité: ma mère m'a rapporté qu'ils lui ont parlé de moi en tant qu'Eric !
Ce n'est pas le meilleur pour la fin, au contraire... Mon père a toujours du mal à encaisser, il commence à peine à en parler avec ses amis, jamais sans émotions, souvent avec quelques larmes... C'est un début, le début d'un très très long cheminement...

J'ai l'impression d'avoir tapé un pavé, pas le courage de me relire ni de détailler pour la fin, et en même temps il n'y a plus grand chose à raconter:
- Le moral connait des hauts et des bas, mais comme mes états d'âme actuels n'ont qu'un lien très infime avec ma transition, il me parait déplacé de les exposer içi. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, je touche plus souvent les nuages que le marécage de mes tourments et autres contrariétés, et ce surtout grâce à...
- côté coeur (non je ne recopie pas un horoscope! ): ai-je déjà été si heureux en couple? J'en doute. Il me semble que je me suis rarement senti aussi bien avec elle que ces derniers mois, et -cela a peut-être un rapport- je sais que je n'ai jamais été autant amoureux...

12.11.06

Si, Maman, si...

"Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi"

C'était la chanson que je dédiais à ma mère il y a à peine plus d'un an. Quand j'allais mal et que je pensais qu'elle ne le voyait pas, quand toutes mes crises semblaient avoir pour seule explication "l'adolescence, ca lui passera" à ses yeux, quand elle essayait maladroitement de me parler et que je me fermais comme une huitre, quand j'accumulais de la rancoeur contre mes parents ...

S'il y a une réussite dans ma transition, un point positif indéniable, c'est que je puisse parler de tout cela au passé, c'est cette impression qu'elle m'a rapproché de ma mère. Cet abcès crevé, le temps de cicatriser les plaies, on a mis des mots sur nos douleurs: pour elle, celle de "perdre" une fille, pour moi celle de faire souffrir mes proches juste à cause de ce que je suis. En paroles et en actes, elle a su me montrer à quel point son attachement à son enfant surmontait toutes les différences et les difficultées; je n'ai jamais autant pu sentir, presque palper cet amour maternel que durant ces derniers mois et ça c'était inespéré...

En parlant de nous deux, on dérive sur nous quatre et de fil en aiguille, on peut aborder tous les sujets, discuter de tout et de rien. Une relation banalisée, en somme. À l'heure où j'etouffe quelque peu dans ma chambre d'enfant, où j'attends avec impatience mon déménagement puis mon indépendance, je suis heureux que nous soyons arrivé à ce stade. Autrement, j'aurais pu partir avec un sentiment d'échec ou d'inachevé...

Coming-out inversés

J'ai fait mes premiers coming-out inversés récemment, c'est-à-dire qu'au lieu de déclarer "en fait je suis un garçon", j'ai avoué à deux camarades de classe qui me connaissent simplement en tant qu'Eric que je fus une fille il n'y a pas si longtemps...

Le 1er était début octobre. Je n'imaginais pas que je pouvais totalement passer en tant qu'Eric pour des personnes qui me cotoient tous les jours et me demandais s'il n'était pas possible que tous soient au courant d'une manière ou d'une autre et que personne n'en parle ! Bref, pour m'en assurer il fallait que j'en parle à quelqu'un et j'ai choisi une fille de ma classe que je savais digne de confiance. C'était par msn, et après avoir tourné autour du pot un certain temps, j'ai raconté que j'étais né(e) Caroline, que j'étais tout bêtement trans... "wow" fut sa première réaction. Puis lorsque j'ai expliqué que cela était nouveau pour moi de vivre pleinement (dans le cadre scolaire) sous mon identité masculine, que je n'arrivais pas à réaliser, elle m'a répondu qu'elle n'arrivait pas à croire que je n'étais Eric que depuis quelques temps :o) ! Elle m'a finalement assurée qu'à sa connaisance, personne dans l'administration scolaire n'a divulgué ces informations aux élèves.

Le 2ème, c'était il y a 3 jours. On était cinq ou six posés dans un bar après les cours et la conversation portait sur les photos dossiers qu'on a tous dans notre portefeuille (carte d'identité, permis de conduire...) et une fille, S., tenait absolument à voir les miennes... Un pote en face de nous, entendant cela, balance en déconnant qu'il allait me retourner pour choper mon portefeuille; j'ai jeté un froid en lui répondant très sérieusement quelque chose comme "tu fais ça, tu te prends un pain dans la gueule."... J'ignorais que la peur de me faire découvrir par les mecs de ma classe pouvait me rendre instantanément menaçant, ce qui n'est vraiment pas dans mes habitudes.
En revanche, je pensais pouvoir le dire à S., alors on est finalement sorti dehors où je lui ai montré ma carte étudiante de l'année dernière, où j'apparais cheveux longs et maquillé. Elle la prend, lis "Caroline" et me dit: "tu sais quoi, je m'en doutais", et ça m'a à la fois agacé et rassuré, rassuré car il fallait bien que quelqu'un me grille un jour ou l'autre et que j'étais content que cela se passe ainsi, qu'elle n'ait fait aucune remarque sur le moment. Elle m'a expliqué qu'un jour où j'étais en marcel, elle avait aperçu mon t-shirt de compression et a ajouté qu'en début d'année, elle et quelques autres filles se sont demandé si j'étais une fille ou un garçon puis, entendant ma voix, ont choisi la seconde option. Paraitrait aussi qu'il me reste des attitudes ou tics typiquement féminins... Que voulez-vous, on efface pas des années dans la peau du personnage comme ça !

19.10.06

J'ai failli écrire un message il y a moins d'une semaine, qui disait quelque chose comme "je ne vois pas pourquoi je m'emm**** avec cet acte notarié si c'est pour passer mes exams de fin d'année en tant que Caroline", puisque dans le dossier d'inscription au CAP, il me faut fournir divers papiers comme mon diplôme du Bac que je ne peux falsifier... Ma connexion internet a buggé, j'ai eu la flemme de réécrire ce post qui avait une importance toute relative. Bref, tout ça pour dire qu'il serait déjà obsolète, car alors que j'annonçais ma déconvenue à la secrétaire responsable de ma section à l'école, je m'entends répondre: "C'est pas un problème si tes papiers et diplômes ne sont pas au nom d'Eric, je vais m'arranger pour t'inscrire tout de même, au besoin en expliquant la situation." Je pense qu'à la fin de l'année, un bouquet de fleurs s'impose pour la remercier ! Donc j'ai appeler ma notaire dans la foulée, j'ai un rendez-vous mardi où je saurais si c'est dans la poche ou si je me replonge dans les pages jaunes...

Lundi, injection de T. L'infirmière me demande les effets secondaires constatés jusqu'içi, mis à part ma mue, et alors que je baissais mon caleçon: "déjà, ta pilosité s'est développée!". Je confirme, puis réalise: merde, elle voit ça sur mes fesses? C'est une partie de mon corps que je n'avais pas pensé à surveiller, mais je dois constater que là aussi la testo a eu son petit effet... J'veux devenir un homme, pas un ours ! ^^"

Phrase du jour, venant d'une serveuse de mon restaurant qui parlait de moi en employant le masculin (normal quoi !) en réponse à mon chef de parti (spécialiste des "Eric, elle"...) qui s'en étonnait: "bah oui, c'est un garçon, est-ce que je te parle au féminin à toi?". Dommage, je n'ai pas vu sa tête !

17.10.06

Loren Cameron




J'ai retrouvé l'une des photos dont je parlais dans mon post du 24 Août: "C'est l'une des premières photos de ftms que j'ai vu, et je fus impressioné par la virilité que dégageait ce gars. Lui, il aurait eu un corps de femme??"
Ce gars ci-contre, c'est Loren Cameron. Je suis tombé sur lui grâce au site Successful TransMen, qui réunit des photos et des liens d' "hommes trans qui ont réussi leur transition" d'origines diverses.

8.10.06

Existrans



Photos prises par Hélène




"TransVisibility"
Kael et, derrière, Stef







Photos MAG




"Ftm's: filles manquées garçons réussis"

3.10.06

Il y a une chose que je n'ai pas eu le temps de raconter hier. J'en parlais il y a une demi-heure avec mon infirmière... Si tout se passe bien du point de vue de ma transition à l'école, il n'en va pas de même à mon restaurant. On ne peut pas dire que mon identité masculine est acceptée et intégrée par tous les membres de la brigade en cuisine. Être l'objet de curiosités ne me dérange pas vraiment, répondre aux questions du plongeur (sur les opérations, sur le pourquoi du comment) ou de mes collègues non plus... Sauf si ce qu'ils retiennent de mes réponses c'est essentiellement que, pour le moment, je suis toujours physiquement une fille.
"Aurélie et Eric, toutes les deux..." ... "Eric, elle..." ... me parviennent parfois aux oreilles et, à tort, je ne me permets pas toujours de relever et de corriger. Parfois, ils rectifient d'eux-même. Ou il arrive que je les fusille du regard : "Ca se voit, t'as la haine dans ton regard" m'as sorti un jour Aurélie. Mais il va falloir que j'apprenne à ouvrir ma gueule. Que je mette les points sur les i. Je l'ai réalisé lorsque, samedi dernier, j'ai vu sur le planning de la semaine "Caroline", barré d'un trait, et au-dessus "Eric"... J'avais tellement la rage lorsque j'ai lu ça en arrivant ! Envie de prendre un marqueur, un tipex pour rendre Caroline ilisible. Et puis à la fin du service, j'avais oublié. Oublier d'y penser seulement, mais cela m'est revenu très vite.

"Il faut que tu en parles à ton responsable de stage. C'est admirable que tu fasses ton traitement et ton apprentissage en même temps, mais il faut que tu te fasses respecter tout de suite. Tu ne peux pas avoir pour eux la même indulgence que pour tes amis ou ta famille, sinon tu va te faire bouffer. Laisse pas passer ça, c'est le moment de ne pas être une mauviette, comme on dit. Il faut apprendre à être grande gueule !" "Faut taper du poing sur la table, prouver ta virilité, et avec un grand V!" C'est en substance ce que m'as dit mon infirmière. Ca rebooste, et en même temps ça intimide. Je suis tellement habitué à prendre sur moi, à encaisser, ce qui est rarement la solution de facilité... Me plaindre, même avec légitimité, n'est pas vraiment dans ma nature (sauf pour être totalement de mauvaise foi sur des futilités ^^). Apprendre à ouvrir ma gueule, à taper du poing... Est mon prochain objectif.

2.10.06

J'ignore pourquoi cela s'est produit et comment ça s'est résolu, mais je m'excuse pour le bug de mon blog dernièrement ! J'en profite pour donner quelques nouvelles...

En bref:
- 4 mois de traitement hormonal, donc 8 injections; la prochaine devrait être demain. Ma mue continue, ma pilosité s'est largement développée; au niveau des golfes de mon cuir chevelu, les cheveux sont progressivement transformé en duvet puis ont chutés ; ma musculature se révèle.
- J'ai entamé les démarches pour mon acte de notoriété: ayant choisi le cabinet de notaire dans les pages jaunes, j'ignorais sur qui j'allais tomber et comment présenter mon cas ! J'ai dû préciser à plusieurs reprises à 2 interlocuteurs différents que je ne pouvais faire de changement de prénom, étant donné mon état civil actuel, donc que la seule option qui se présente à moi pour utiliser quotidiennement mon prénom Eric était cet acte notarié. Au dernier rendez-vous, la notaire m'a demandé de revenir avec une lettre de mon psychiatre et une de l'assistante sociale de mon école, puis elle accepterait ou non de recevoir mes témoins pour enregistrer l'acte. Elle semblait très réticente à le faire, m'a proposé d'autres prénoms qui ont pour particularité d'être mixte (Dominique) ou de modifier l'orthographe d'Eric pour Erique... Je lui ai répondu que si enregistrer cet acte lui posait problème (de conscience ou autre), il suffisait de me le dire et j'irais voir ailleurs ! Bref, je vais aller chercher les documents demandés, cela me servira toujours dans mon dossier si je dois contacter un autre cabinet... Et suite au prochain épisode.

18.9.06

Ecole

Ma rentrée scolaire était jeudi 7 septembre; on a passé cette journée en stage d'intégration sur une base nautique. Au programme: course d'orientation et kayak-polo ! J'ai esquivé la deuxième activité, n'ayant pas prévu de vêtements de rechange et ne pouvant me mettre tout simplement en caleçon... À part ça, très bonne journée !
C'était un test pour moi, est-ce que je passe réellement, totalement, dans un autre contexte qu'un échange verbal bref (achat, renseignement donné dans la rue...)? Cela ne m'était pas encore arrivé de me présenter en tant qu'Eric à des gens que je devrais cotoyer toute une journée, a fortiori une année, et avec qui je devrais converser. Ce fut plutôt réussi ! Si mes camarades ont eu des doutes sur ma nature, ils en ont rien laissé paraitre (mais peut-être que j'apprendrais un jour que l'administration si prévenante de cette établissement s'est chargé d'informer toute ma promo !).
Tout s'est déroulé de la manière la plus naturelle qui soit cette semaine. Ma classe est composée de 7 filles et 7 garçons, y compris moi. Seul mon professeur principal est au courant de ma situation; un jour où les filles, comme à leur habitude, tardaient dans les vestaires (ce n'est pas du sexisme, c'est un constat ;)), il nous a présenté à un responsable comme étant "les contrats pro de sexe masculin" et m'a envoyé un discret clin d'oeil...
Je n'ai rencontré qu'un problème: en cours de gestion, je cherche mon nom sur la feuille de présence et lit: "C........ Caroline". Je panique intérieurement, signe tout de même, et rends le document erroné au professeur. Je scrute tous les élèves: aucun regard interrogateur? Est-ce possible que cela soit passé inaperçu??? À la fin du cours, je vais voir le professeur pour lui expliquer qu'il y a une erreur de prénom sur la feuille d'émargement: "vous me le rappelerez la prochaine fois, on barrera, c'est tout!" Horreur, j'imagine une rectification manuscrite consistant en un simple trait sur Caroline et Eric écrit à côté, le truc qui interpelle, obligeant à remarquer la faute et sa correction, ou comment me griller à coup sûr ! Direction le secréteriat: la secrétaire est au courant de mon dossier, et conclu que cet abruti (ce ne sont pas ses termes, bien sûr) s'est servi lui-même et a pris les feuilles de présence qui ont été faites avant ma révélation (et qui auraient dûes être détruites). Elle fera l'échange. Fin du mélodrame.

14.9.06

Mes messages vont sûrement s'espacer de plus en plus. Ce blog n'est pas un journal intime mais est consacré à ma transition (même si parfois je raconte un peu ma vie), et je pense entrer dans une période où elle va suivre tranquillement son cours, la testostérone faisant son action, jusqu'à l'approche de la prochaine grande étape, la mammectomie.
Le temps des découvertes, des comings-out, des adaptations à ma nouvelle identité est révolu, ou presque... Car il y aura toujours des personnes à qui révéler que Caroline est devenu Eric (famille éloignée, anciennes connaissances qui recroiseront peut-être ma route...) et d'autres à qui avouer qu'Eric fut Caroline, dans sa première jeunesse (camarades de classe avec qui je deviendrais éventuellement plus intime, nouvelles rencontres...).
L'année qui se profile a un calendrier déjà bien chargé et ses objectifs sont assez clairs. Alterner entre école et restaurant, jusqu'en mai, passer (et réussir!) mes examens, puis travailler au restaurant jusqu'à la fin de mon contrat, en septembre. Tenter de faire coincider mon emploi du temps avec celui de ma copine pour la voir le plus possible. Ne pas oublier les rendez-vous hebdomadaires, mensuels ou trimestriels avec: infirmière, psy, endocrino, médecins divers. Caser mes amis dans les temps libre restants ! Et garder quelques instants pour moi...

J'aurais tout de même matière à poster durant cette période ! Déjà, dans un futur proche, il me faut contacter le ou la notaire qui s'occupera de mon acte de notoriété, pour officialiser ce prénom qui désormais me désigne quotidiennement et est inscrit sur ma carte d'étudiant (très bon point pour mon dossier, ça!).

Et puis j'espère pouvoir poster durant le week-end pour raconter ma première semaine d'école! Parcequ'il y aurait quelques trucs à raconter, tout de même, mais je risque de m'éterniser et il ne faudrait pas que demain je sois à la masse pour finaliser la préparation de 2500 portions de Baeckeofe (comment ça vous ignorez l'existence de ce plat traditionnel alsacien?...)...

2.9.06

Elly

Je devais aller me coucher... Et puis je me suis attardé sur ce lien reçu dans un commentaire en me disant: "bon, pas le temps de le lire maintenant mais s'il parait intéressant, j'le mets en marque-pages et dodo." Ca fait quelques heures que mon lit m'attend. Maintenant, je n'ai pas envie de le retrouver avant de parler de ce blog, de partager cette bonne adresse, comme si c'était un bon restaurant où je voudrais inviter mes amis (on voit que j'ai repris la cuisine ! ^^).
Je ne me suis intéressé qu'à très peu de témoignages de transsexuelles (MtF), comparé à ce tout ce que j'ai pu lire sur les FtMs. Tout simplement parcequ'il m'est difficile de m'identifier à quelqu'un qui entreprend le chemin inverse au mien ! Le blog d'Elly a d'autant plus de mérite pour m'avoir ainsi captivé.

Elly, si tu repasses par içi, je fait une sorte de commentaire par blog interposé car j'ai voulu réagir maintes fois, ne serait-ce pour te dire combien j'étais touché par ce que tu écrivais, et je n'ai pas trouvé de post qui soit plus approprié qu'un autre pour en faire une synthèse. Alors en le faisant sur mon blog, j'espère donner l'envie à ceux qui me connaissent par ce biais de te connaitre aussi ! J'ignore comment est-il possible d'aimer autant la vie, mais tu sais communiquer ta joie de vivre et tes espérances. Je t'admire pour ta volonté: de ta naissance à aujourd'hui, il y a eu pas mal d'embûches sur ton chemin et à présent tu te bats toujours, contre le VIH et pour mener ta vie de femme à part entière. Bien d'autres choses encore me plaisent en toi: tes coups de gueule, ta reconnaissance envers les personnes qui t'ont marquées en bien (l'ingratitude est à mon sens l'un des pires défauts), ton honnêteté vis-à-vis de toi-même –et par conséquent vis-à-vis de tes lecteurs– (entre autres car cela doit être difficile de reconnaitre que la prostitution reste une possibilité de solution)... Mais la plus passionnante des histoires serait totalement dénuée d'intérêt pour moi si elle était mal rédigée; ton écriture n'est pas la moindre de tes qualités, et c'est la dernière que je citerais !
Je te souhaite énormément de bonheur, car sans nul doute tu sauras le savourer, et surtout de rencontrer cet Amour que tu attends.
PS: mais permets moi un petit conseil, lorsque tu le croiseras... Attends un peu si tu comptes lui donner le lien de ton blog, ou juste lui montrer tes écrits. Tes lettres à l'Amour peuvent faire peur à certains hommes... J'dis ça, mais si l'Homme se présente, l'élu de ton coeur, la moitié de ton être (moi en faire trop?...d'humeur fleur bleue ce soir...), il saura se montrer digne de toutes les espérances placées en lui !

Je peux aller m'endormir sereinement à présent ! Bien que brève, bonne nuit à moi-même.

Voix

J'ai pas trop envie de faire un suivi quasi-scientifique de ma transition, genre "tel jour, un poil est apparu" , genre à me mesurer le tour de taille, de poitrine et le dicklit... Je préfère aborder cela de manière plus naturelle, bien que chaque constation d'une évolution, d'une nouveauté m'émerveille plus que si je faisais une "simple" puberté.
Donc quand je parle de ma transformation, c'est toujours en ressenti et d'après les remarques que l'on me fait. Néanmoins, pour ma voix, je voulais être plus concret, d'abord parce que c'est un changement dont je ne me rends pas bien compte, m'entendant tous les jours... D'ailleurs, je n'avais pas eu vraiment l'impression d'avoir mué entre août et septembre; je n'ai réalisé la différence qu'en entendant ces enregistrements.
J'ai fait le 1er lorsque l'on m'a fait la remarque, au téléphone: "Je ne reconnais pas ta voix", et j'ai été très surpris de reconnaitre que ma mue avait déjà bel et bien commencée ! En conséquence, je n'ai pas d'échantillons de ma voix d'origine. Je vais faire une nouvelle prise chaque mois, jusqu'à ce qu'elle se stabilise.

Et au passage, merci (bis et repetita) à Lazz qui héberge ces fichiers audios.

1.9.06

Présentations

1er jour de travail dans mon nouveau resto en tant qu'Eric... Ou presque ! Parce qu'il a fallu remettre les pendules à l'heure avant.

Une serveuse: "Bonjour ! Tu me rappelles ton nom déjà?" "Eric." "Ah!".
Le second du chef: "Salut... Caroline c'est ça?" "Non, c'est Eric..." "Euh... C'était pas Caroline avant??!" "Si, mais maintenant ça a changé." "Ah. Bon. D'accord. Bien..." . Et quelques minutes plus tard (le temps de la réflexion): "Et pour ton école, ca se passe comment?" "Pareil, on m'appelle Eric." "Mais je veux dire, pour tes camarades...?" "Je serais présenté en tant que garçon." "Ah c'est bien. C'est plus simple pour toi.".
Aurélie, une autre apprentie (nous sommes 4 ou 5), que j'ai déjà vu à mes journées d'essai et que j'ai mise au courant à cette occasion, constate: "Apparament, le chef a oublié de faire tourner l'info !"... Apparament il a même oublié l'info, puisqu'il a demandé à mon bînome de venir me chercher en me nommant "Caroline" ! Je ne pense pas que ce soit de la mauvaise volonté, c'est juste un homme qui a l'air totalement dans son monde. J'espère juste qu'il va noter que mon CV est au nom d'Eric (j'ai glissé dans les informations administratives: né(e) Caroline C. suivi de date et lieu de naissance)...
À une apprentie serveuse que je ne connaissais pas encore, je me suis présenté tout simplement.
Puis vers 15h est arrivé un autre apprenti que j'avais déjà vu, et qui me fait la bise... Lorsque je le recroise dans les vestaires, je lui précise ma nouvelle situation, ce à quoi il me répond qu'il était déjà au courant mais ignorait quand est-ce que cela allait être effectif: "Ben dès maintenant ! C'est le chef qui te l'a dit?" "Non, c'est à F. [notre école] qu'ils m'ont expliqué." Décidément, je kiff mon école ! Sympas, prévenants...
"Je voulais savoir, mais si ca te gène... Enfin, pourquoi Eric?"
"Tu veux dire, le prénom ou...?" "Non, pourquoi passer de Caroline à Eric?" "Euh... C'est pas que ca me gène, c'est difficile à expliquer ! ... Disons que je me sentais mal en Caroline, et que ça va mieux en Eric." "Ah, d'accord. Nan c'était pour savoir si c'était une maladie ou quoi... C'est un choix en fait." "Euh... Ouais... On peut voir ça comme ça. Mais c'est considéré comme une maladie, d'ailleurs c'est remboursé par la Sécu..." Bref, difficile de m'expliquer, surtout entre deux travaux à faire pour lui et mon changement de tenue pour moi. S'en est suivie une courte discussion avec Aurélie sur le traitement et les opérations en sortant du resto.

La journée n'est pas finie; je suis en coupure aujourd'hui, c'est-à-dire que j'y retourne ce soir. Mais je dresse déjà un bilan est plutôt positif ! Je ne vous ai raconté que ce qui a rapport avec ma nouvelle identité, mais en ce qui concerne le travail en lui-même, disons que je ne regrette pas que les vacances soient terminées :) Sauf que je suis crevé ! Il me reste une petite heure pour faire ma sieste...

30.8.06

ML dit : (20:53:38)
bon , en tout cas c ptète qu'une impression mais en ce moment tu m'a lair en pleine forme , et ça fait plaisir de tvoir aussi bien


© Eric dit : (20:54:07)
c pas qu'une impression :)


ML dit : (20:54:37)
:) donc je renouvelle , ça mfai plaisir de tvoir aussi bien


J'aime bien écrire des posts joyeux! Et puis comme, dans la vie de tous les jours, je peux être très râleur car j'adore me plaindre pour des broutilles, je me rattrape içi. C'est vrai quoi, il faut savoir s'exprimer aussi pour dire que tout va bien !
S'il n'y avait pas ces tshirts qui me compressent et ce qu'ils dissimulent, je dirais presque que je suis bien dans ma peau ! La testo fait son petit effet, en prenant son temps et c'est tant mieux, ça permet de patienter jusqu'à la prochaine étape... Le processus est engrangé, je ne vois pas ce qui pourrait l'arrêter maintenant. Bien dans mes baskets (aussi bien que possible dans ma condition), serein dans ma tête, amoureux comme jamais... Ca va, merci. Et vous?

J'ai vu mon endocrino vendredi dernier, on a augmenté les doses et je passe à 1/2 ampoule par injection, toujours toutes les deux semaines. Dans les faits, la dose a déjà sensiblement augmenté, vu que lors de la précédente, on m'a injecté entre 1/3 et 1/2 d'ampoule.
Je ne contaste pas vraiment de nouveaux effets, sauf que depuis quelques jours j'ai tout le temps la fringale, je mange le double voir le triple de mes portions habituelles sans pour autant être rassasié... Donc je prends du ventre, mais à côté j'ai perdu en taille de pantalon (aucune idée dans quelle proportion, j'ai juste constaté que j'étais à l'aise dans un pantalon qui me serrait avant).

Le but principal de ce post était de noter ma joie du jour: je suis aller chercher un certificat de scolarité à mon école, et je n'ai même pas eu besoin de demander ou de préciser le prénom; dans l'ordinateur, à côté de mon nom de famille était déjà inscrit "Eric". Le début de la reconnaissance...
Et, par voie de conséquence, ma carte Imagin'R (pour les transports en communs) sera au nom d'Eric C., et me faire contrôler dans le métro ne se transformera plus en joute de regards avec le contrôleur (c'est à celui qui sera le plus persuasif: "c'est pas vous" "si c'est moi" "non c'est pas vous" "puisque je vous dis que c'est moi" ...) !

LC

Leaticia Casta en homme. Une affiche publicitaire dans le métro qui m'avait fasciné, il y a 2 ans...

24.8.06

La mue de ma voix a plus d'effets que je ne l'aurais imaginé. Mon ancienne voix m'agaçait, surtout lorsque je l'entendais enregistrée, mais je ne pensais pas qu'elle constituait un bloquage pour que les autres appréhende ma masculinité.
Loulou m'a dit que cette mue a révélée chez moi des attitudes et des caractéristiques masculines qui passaient inaperçues avant, ce que je veux bien croire car il ne s'est pas trompé une seule fois dans les pronoms et accords à mon sujet de la soirée ! J'en ai parlé à Alex par la suite, qui a confirmé, bien que cette part masculine qui se révèle soit indéfinissable...
VDB a demandé sur le forum de Lazz:
bon voulà quand je lis vos messages sur le net j'ai l'impression que vous êtes tous sûrs de vous, de vos "choix", et que vous êtes super confiants quand à votre avenir... alors que moi l'avenir j'ai beaucoup de mal à le concevoir, beaucoup de mal à savoir ce que je veux, opération ? testo ?...

Je voulais savoir donc si vous aussi ca vous a fait ca et si vous avez aussi mis un long moment à savoir ce qu'il fallait faire...


Ce à quoi j'ai répondu:
« Répondre #6 le: Sam 12 Août 2006, 00:20:54 »


Pour ma part, le chemin le plus long fut celui qui mène à la compréhension et l'acceptation de moi-même. Mais cette étape franchie, c'est vrai que j'ai su très vite ce que je voulais faire: le nécessaire pour transformer mon corps et accéder au changement d'identité.
Au cours d'une de mes toutes premières recherches internet sur les trans ftms, je suis tombé sur une série de photos d'un mec, visiblement culturiste, qui posait nu, mettant en valeur sa musculature (c'est un détail mais si je me souviens bien il tenait une épée). C'est l'une des premières photos de ftms que j'ai vu, et je fus impressioné par la virilité que dégageait ce gars. Lui, il aurait eu un corps de femme?? J'ai fermé la fenêtre. Lorsque j'ai vu cette photo une seconde fois, j'ai remarqué qu'il n'avait pas fait de phaloplastie (je ne connaissais même pas encore ce terme à l'époque, j'ai juste fait: "merde j'avais pas vu il a pas de bite") et je me suis surpris à considérer cela comme un détail... C'est là que j'ai compris que la finalité de la transition n'est pas la phaloplastie. Et c'est également là que j'ai su précisément ce que je voulais: une apparence et un corps si masculin que l'on en oublie l'absence de verge. Bon, un corps masculin c'est pas forcément un éphebe grec musclé et huilé, ca peut être aussi une bouée kro et une pilosité d'ours... ^^ C'est comme la photo de James, il a beau être enceint, on ne peut nier qu'il est un mec.
Voilà, j'ai très vite fixé le programme dans les grandes lignes. Après, j'ai pas toujours été super confiant, j'ai traversé des phases de doutes concernant ce que j'allais faire très précisément, et quand, et comment. D'éphémères moments de découragement aussi. Puis je me suis dit: c'est désespérant de considérer l'ensemble du parcours, c'est long, difficile... Faut y aller étape par étape, lorsqu'on en passe une on peut réflechir sérieusement à la suivante, mais inutile de se prendre la tête avant. Et qui vivra verra !
: Sam 12 Août 2006, 00:14:20
Perso, c'est depuis que je sais que je suis trans que j'arrive à m'imaginer un avenir (en tant que trans, certes, mais un avenir quand même) et même à concevoir que j'ai un avenir.

... Idem (petit choc parceque je viens de réaliser que je ne me projetais jamais réellement, de manière réaliste dans le futur avant d'entamer ma transition.)

21.8.06

"C'est pour un garçon ou pour une fille?"

"On fera ça entre mecs", c'est-à-dire, lui et mon frère. Réponse de mon père lorsque je lui dit que le foutoir de l'appart n'est pas le mien, puisque je viens à peine de rentrer de vacances, que la salle de bain est dégueulasse, et ce n'est pas à moi de ranger et nettoyer. C'est dit exprès pour m'emmerder, et je prends sur moi. Comme lorsqu'il me dit "ma fille".
4h plus tôt, ma mère au téléphone: T. est passé à l'improviste, a contasté l'état désatreux de l'appartement et le lui a rapporté. Ce qu'elle m'a dit, en substance: "Tu aideras bien les garçons pour le ménage, en mon absence c'est toi la maitresse de maison." Bah oui, quand Papa n'est pas là, mon frère est le chef de famille, même lorsqu'il n'avait que 6 ans, et moi je dois faire le ménage et la popote. Je lui rappelle, tout simplement "sauf que je suis un garçon"; je ne sais quel est l'étape (la barbe? les opés?) qui feront que ca deviendra évident pour elle. Le reste, c'est une éducation à refaire...

11.8.06

Citation du jour

"On est plus authentique lorsqu'on ressemble le plus à ce que l'on a rêvé d'être."

Agrado, dans le film d'Almodovar "Todo sobre mi madre".
De passage sur Paris, le temps de faire ma valise et je repars!
Je viens de passer 10 jours à la campagne, avec seul objectif: passer mon permis, mais j'ai lamentablement échoué à l'examen :( ... Demain je prends le train direction Agde, dans le sud. La suite du programme de mes vacances est très incertain. J'ignore complétement où je me trouverais le jour de ma prochaine injection, c'est-à-dire dans une semaine !

En septembre, on double la dose de testo :)! En attendant, le quart d'ampoule par injection n'est pas si dérisoire, il a sérieusement amorcé ma transition hormonale. À ajouter au précédent bilan, ma voix mue clairement; j'ai perdu mes aigus (ce fut un mini drame lorsque je me suis aperçu que je ne pouvais plus chanter les chansons qui montent trop haut), au téléphone on ne me reconnait pas, d'ailleurs je suis moi-même surpris lorsque je m'entends parfois ! J'ignore combien de temps dure un mue, quand est-ce que ma voix se stabilisera. Une chose est sûr, cet effet là me plait !
Sur le plan psychologique, je me trouve trop à fleur de peau, plus sensible que d'habitude. Des choses que, généralement, je laisse passer avec indifférence, ou en tout cas en la feignant, jugeant que ca ne vaux pas vraiment la peine de s'émouvoir/se prendre la tête, m'aparaissent comme primordiales/insoutenables/intolérables... pour un court moment. Mais je ne deviens en aucun cas agressif, ce n'est vraiment pas dans ma nature ! Juste que je suis ému/sentimental/agacé/énervé plus souvent. Bref, je suis peut-être simplement plus à l'écoute de mes émotions ! Par ailleurs, je ne sais si cette variation d'humeur peut s'attribuer directement au traitement hormonal, si c'est une conséquence de ma transition en général, ou si c'est juste périodique, à cause de la chaleur, du soleil etc.!

*****

J'ai vu mes neveux (V., 11 ans et C., 8 ans) quelques heures hier et en ai profité pour les mettre au courant de ma situation. À peine leur ai-je annoncé que j'avais quelque chose à leur dire:
"- C'est quoaaaaaa?
- Une histoire?
- Une histoire qui fait peur?
- Un truc vrai?" Oui, non, zut. Par où commencer??
Moi: "Déjà, est-ce vous avez déjà entendu parler de ces garçons qui deviennent des filles en faisant des opérations, en se faisant poser des seins ...?
V.: "Oui !"
Moi: "Ah bon?"
V.: "Oui, dans Incroyable mais vrai! [intérieurement et honteusement, je remercie Bruno Roblès et sa clique] C'était un garçon qui s'est fait poser des seins mais sa copine elle était pas d'accord."
Je me dirige sur la balançoire, C. prend le trapèze et V. les anneaux.
Moi: "Bon ben voilà, moi je fais le contraire, je deviens un garçon" s'en suit une très brève explication.
C.: "Et tu va t'appeler comment?"
Moi: "Eric"
C.: "Ah ouais j'adore ce prénom en plus!"
V.: "Moi j'ai pas de prénom préféré pour les garçons... Eh tu sais faire ça avec les anneaux?" Elle fait une pirouette. Fin de la conversation sur le sujet !

MP pour Lydie

Je n'ai pas reçu ton mail (ou alors je l'aurais supprimé en le prenant pour un spam mais je ne pense pas, ayant trié ma corbeille avant de vider). Bref, si tu pouvais me le renvoyer !

PS: pas sûr que je puisse consulter ma boite mail et te répondre avant la rentrée...

28.7.06

Ma bonne étoile






Ceci n'est pas le blog d'un trans comme les autres.
C'est l'histoire d'un être né sous une bonne étoile.
Une étoile ressemblant à un flocon de neige...







Finalement, la majorité de mes problèmes et des drames (à mon échelle) qui jalonnent mon existence sont similaires à ceux du commun des mortels (sous-entendu, les personnes bios) et les difficultées que me posent ma transition sont mineurs comparés à tout ce à quoi j'aurais pu être confronté: rejets, blâmes (à quelques exceptions près mais elles sont insignifiantes lorsque la majorité m'accorde l'indifférence ou mieux, le soutien), moqueries, impossibilité de vivre ma vie étudiante et professionnelle dans mon genre... Bien sûr, je rencontre souvent le scepticisme et l'incompréhension, mais ce serait mal venu de ma part de me plaindre !

J'aurais pu... avoir un visage plus féminin m'empêchant totalement de passer simplement en coupant mes cheveux et en compressant ma poitrine; ne pas avoir les capacités financières pour seulement amorcer ma transition; voir des amis me tourner le dos ou voir des gens se prétendant mes amis ne faire aucun effort pour s'adapter à ma nouvelle identité; avoir des parents me reniant ou refusant totalement ne serait-ce que de réflechir sur l'éventualité que je puisse...; me chercher longtemps encore et passer à côté d'une partie de ma vie; ne pas avoir la force morale d'entamer ce parcours; être de nature dépressive ou placer ma vie et mes espoirs dans cette transition et avoir le moral à zéro à chaque embûche; bloquer ma vie sociale parceque je ne ressemble ni vraiment à une fille ni tout à fait à un garçon et que je ne supporterais absolument pas le doute dans les yeux d'autrui; être né dans un autre milieu ou à une autre époque... Bref, j'aurais pu connaitre toutes ces difficultées qui sont souvent le lot quotidien de la plupart des trans, et aujourd'hui je suis heureux de la vie que j'ai et d'être simplement moi.

Sans aucun papier légal qui justifie sa réalité, Eric existe néanmoins pour mes amis, mon école et mon employeur. J'existe sans devoir endosser un rôle dans toute les sphères de ma vie, ou presque: bien que ma famille (globalement) ne me reconnait pas, je peux rester moi-même et n'ai pas à interpréter Caroline.

Allez, j'en rajoute une couche dans l'auto-satisfaction: rien n'est parfais, mais n'étant pas si exigeant, je me déclare aujourd'hui comblé par mon existence.
D'autant plus que j'ai l'Amour (vi, avec un grand A comme dans "Ah que je suis amoureux!") mais je m'arrête là parceque les gens qui dégoulinent de bonheur, au final ca exaspère !

Au fait, ma philosophie de la vie: je m'attends toujours au pire tout en espérant le meilleur. Jamais déçu, souvent rassuré, je vois quelquefois mes espérances réalisées.


En espérant que je tiendrais le même discours dans un mois, dans un an...

27.7.06

La guerre des poils

Je les ai oubliés dans mon checkup... Et pourtant la testo a bien relancé ma pilosité.
C'est la Guerre du Poil: Le Retour. Parcequ'il y a eu un chapitre 1: durant 3 ans approximativement et jusqu'en septembre dernier, j'ai attaqué mon système pileux avec cet engin de torture que l'on appelle l'épilatrice électrique. Les jambes, les aisselles et parfois même le maillot (et là je gagne le profond respect de la gente féminine lol)... Très vite, sur les jambes en tout cas, les poils ont abandonnés, se sont dispersés.
Cette année j'ai laissé la nature reprendre ses droits et, si au niveau des aisselles les poils ont vite reconquéri le terrain, très peu ont osé réaparaitre sur mes jambes... Jusqu'à ce que je commence le traitement hormonal. La testo a manifestement redonné du courage à l'armée de poils-jambes qui se sont multipliés et épaissis. Certains s'aventurent même sur mes cuisses !

Donc, résumons, 2 mois de traitement hormonal a fait réaparaitre une pilosité là où mon acharnement l'avait pratiquement éradiqué (jambes). Elle a fait naitre quelques poils là où il n'y avait que du duvet (poitrine). Affaire à suivre, mais je m'y intéresserais vraiment lorsque cela concernera mon visage...

PS: La reconquête de mon corps par les poils a commencé et je les laisserais faire avec la plus grande joie, mais je préviens: il y aura un épisode 3 si je me transforme en chimpanzé !!

20.7.06

2ème mois sous testo

4ème injection aujourd'hui. J'en suis à mon deuxième mois de traitement et rien à signaler, ou presque:
- mon clito a changé de forme, comme s'il était en érection permanente, sans pour autant devenir vraiment plus sensible.
- pour le moment, plus de règles, seulement quelques très légers saignements occasionnels.
- mon timbre de voix se serait un peu aggravé (?), en tout cas on m'en a fait la remarque.
Pas d'autres changement physique notable.
Et au niveau de l'humeur général, je ne me suis pas aperçu d'une quelconque modification.

1er check up donc, il faudra que je le fasse tous les mois par la suite pour bien tenir ce journal de ma transition !

13.7.06

Enfin ai-je trouvé un coiffeur pour me faire ça !!
C'était au Solidays... 3 jours, 3 sauts à l'elastique, des concerts, des rencontres, un match... Et beaucoup de Redbull pour profiter de tout cela !
Quand tout va bien mais.... C'est toujours la famille qui foire. Et quand rien ne va, elle en rajoute une couche. Le fuck du post précédent lui est dédié, d'une manière général.

Et en ce qui concerne le dernier paragraphe, je ne peux raconter ce qu'il s'est passé (enfin plutôt ce qui s'est dit). Juste dire que je continue ma transition, même si lui continue à se détruire à petit feu... Je voudrais bien l'aider mais comment? Autrement qu'en arrêtant ou reportant la reconstruction de ma vie en tout cas...

Merci Chris pour ton dernier mail.

7.7.06

Cléo


"Tu veux être un mec alors il faut savoir qu'une fille peut faire ce qu'elle veut de toi..."
"Tu vois Petit Être, l'amour c'est beau, c'est important, mais ça n'est pas tout. Tu passes à côté de choses essentielles. Et dans ta transition tu as besoin de te sentir désirable et désiré..."

5.7.06

Fuck

Si j'avais eu le temps de poster hier, j'aurais raconté que j'étais privé de mon activité favorite, me plaindre, parce que tout allait bien dans le meilleur des mondes, tout allait mieux que je n'osais l'espérer...

Samedi soir, la France a gagné contre le Brésil. Des milliers de personnes étaient réunies sur les champs pour célébrer l'évènement et, non loin de là, mes amis et moi fêtions mon anniversaire et ma victoire personnelle, la testo qui coule dans mes veines...
"Un discours, un discours!" J'ai abrégé en disant "Je vous aime!", et je voulais dire par là: "Je vous remercie tous d'être là, d'être encore là pour les anciens car j'avais peur de perdre quelques uns d'entre vous en route. Je vous remercie d'avoir gardé pour Carot/Eric l'amitié que vous aviez pour Caroline. Pour ceux que j'ai rencontré cette année, qui ne m'ont connus qu'ainsi, si vous êtes là c'est que je suis heureux de vous connaitre, et de partager tout cela avec vous !"

Vous vous rappelez, j'ai écrit que j'appréhendais le moment où je devrais annoncer ma transsexualité à l'école à laquelle je suis inscrit pour l'année prochaine... Je n'ai finalement pas attendu septembre. J'ai eu la pré rentrée il y a deux semaines, et entre l'appel nom-prénom au tout début et l'annonce d'une journée d'intégration dans un centre nautique (apport du maillot de bain conseillé!), je me suis dit que cela ne devait pas attendre. J'ai demandé un entretien avec mon professeur principal, Mr P., qui m'a demandé de revenir après déjeuner. Ipod et clopes m'ont aidé à patienter, et à ne pas penser à ce que j'allais dire puisque lorsque je prépare mes discours cela foire toujours... Bref, je reviens et lui raconte grosso modo que j'allais changer de physionomie et de prénom au cours de l'année qui allait s'écouler, pour à terme, changer totalement d'identité et m'appeler Eric C., de sexe masculin. Là il se lève brusquement, et sors de la pièce, sans mot dire ! Deux minutes après, il revient avec le responsable pédagogique, à qui je réitère mon histoire. Je les sens tout deux très embarassés. Ce que je demande au juste? Savoir dans quelle mesure il était possible de faire mes études dans cet établissement en tant qu'Eric... "Je ne sais que vous répondre. Prenez rendez-vous avec notre assistante sociale. En tout cas, vous avez beaucoup de courage..." Dans cette dernière phrase, j'entends "on va essayer de vous aider dans la mesure du possible", et déjà je suis rassuré quant à leurs intentions et leur volonté de ne pas me créer plus de problèmes que j'en aurais déjà. Le lendemain, je prends rendez-vous et quelques jours après je reçois un message de Mr P. pour me rappeler de le faire ! Tiens, me dis-je, les informations ne passent pas très bien mais au moins ils pensent à moi!
Me voilà donc, lundi 3 au matin, dans le bureau de l'assistante sociale. Je raconte ma transition à venir, elle m'interroge sur mon passé, on discute un bout de temps, abordant la question du point de vue social, professionnel, administratif et psychologique.
En conclusion, je peux intégrer l'école en tant qu'Eric, je serais appelé ainsi par mes profs et l'administration, et sauf si je n'ai pas mon acte de notoriété à ce moment là, je passerais mes examens avec ce prénom...et d'ailleurs pour faciliter l'acte de notoriété que je vais demander dès la rentrée, elle va me faire un papier comme quoi j'existe en tant qu'Eric dans cet établissement ! J'étais soufflé. Tout ce que je désirais et même plus, acquis si simplement, avec le sourire et le soutien de l'assistante !
"Il faut être cohérent, vous serez dans le vestiaires des garçons!"... Euh... Ce sera une première pour moi. Pas sûr que je serais tout à fait à l'aise, m'enfin bon, pas de problème.

Hier, j'ai vu le voisin-médecin-connaissance de mes parents, j'avais été très réticent au départ pour prendre ce rendez-vous. J'étais las, j'en avais marre de me sentir évalué par des médecins en tout genre, j'étais énervé que mes parents aient besoin d'entendre un professionnel pour m'écouter, bref, j'y suis allé à reculons. L'entretien a duré 2h, et m'a fait beaucoup de bien. 2h où, en racontant mon histoire, j'en ai profité pour faire le point, où en répondant à ses questions je mettais de l'ordre dans mes idées. Il m'a raconté les cas qu'il connaissait où la transition s'est mal passée tout en excluant un rapport avec moi, a admis que je n'aurais pas ma place en équipe officiel, m'a trouvé sensé et refléchi. Son seul conseil, c'est qu'il me faudrait être suivi par un psychanalyste avec qui j'aborderais en profondeur toutes les facettes de ma transition, et le restant de ma vie également, en parallèle ou à la place de mon psychiatre; d'autant plus que j'ai exprimé le désir de faire une thérapie à un moment donné de ma vie.
Résumé: loin d'avoir perdu mon temps, cette rencontre et cet entretien pourrait m'être bénéfique.

Jusque là, tout va bien...


Et puis aujourd'hui... Je ne sais que penser, je ne sais à qui en parler. On dirait, en exagérant que très modérement, que ma transition est l'objet d'un chantage au suicide. Je ne peux m'expliquer, et puis je n'ai pas les idées assez claires et ordonnées pour en parler.

Fuck.

24.6.06

Marche des fiertées LGBT 2006 en photos


Le drapeau trans'.

























(Pancarte que je portais autour du cou fournie par l'ASB. Il y avait aussi serveuse, ouvrier, ... Le but étant de rappeler que transsexuel n'est pas synonyme de prostitué.)


Pas de photos du char du Mag... Ni de moi d'ailleurs... alors à ceux que j'ai croisé à cette marche, si vous voulez m'envoyez des images, je les rajouterais!!

21.6.06

Adam et sa feuille de vigne

Grand merci pour toutes vos félicitations! Même si je pense qu'elles ne sont pas forcément méritées, je dois beaucoup à la chance pour en être arrivé là: d'habiter à côté Paris, donc j'ai galéré moins que d'autres pour trouver psy non transphobe et endocrino pour me suivre, d'avoir des parents qui ne m'ont pas (trop) mis de bâtons dans les roues, d'avoir des amis qui me soutiennent... Et puis ce n'est que le début d'un parcours qui promet d'être trèèès long (soupir)...

Les nouvelles de ma vie:
- Je suis admis en Prépa Culinaire et j'ai eu la semaine dernière un entretien dans le restaurant (enfin, s'ils me prennent!) où je ferais mon apprentissage. Bien entendu, je suis inscrit et me suis présenté en tant que Caroline. Que ce soit avec le chef ou avec le directeur des études, j'ai évité le plus possible de me qualifier afin que le masculin ne soit pas relevé ("vous voulez dire sérieuse?" "Si vous voulez...") mais en Septembre il faudra que je règle la situation... J'appréhende déjà le moment où je devrais expliquer que Caroline n'est que le prénom inscrit sur ma carte d'identité mais qu'en "vrai" moi c'est Eric, que durant l'année qui vient je vais changer, me transformer, et que même si à présent je ne passe pas parfaitement pour un garçon, au fil des mois le doute sera levé sur mon genre. J'ai l'impression que pour le moment tout s'est un peu trop bien passé (famille mise à part), et que je devrais forcément tomber sur un con qui ne veut pas comprendre un jour ou l'autre; à la fac je m'en foutais un peu de leur avis, je les ai prévenu histoire de ramener ma fraise, mais là il y a plus d'enjeux et il me faudra trouver les mots et le courage pour mettre toute les chances de mon côté.

- À propos de coming out qui se passe bien, j'ai longtemps hésité avant de révéler à ma collègue, une apprentie qui travaille avec moi, ma vraie nature, mais j'ai commencé à m'attacher un peu avec elle, à nouer une relation qui dépasse quelque peu le cadre de la cuisine, donc j'ai finalement décidé que je ne pouvais cacher ma situation plus longtemps ! Je me doutais que cela allait bien se passer, sans savoir à quel point. Elle a accepté mon histoire avec une facilité et une simplicité déconcertante... Le monde est en fait peuplé de gens géniaux, mais pourquoi faut-il qu'à côté il y ai des crétins arrogants racistes et homophobes (petit clin d'oeil à quelqu'un qui ne passera sans aucun doute jamais içi!) ?

- Pour la 1ère fois depuis presque 19 ans, j'ai décidé de fêter mon anniversaire... J'ai d'habitude horreur que l'on me le souhaite, et à fortiori faire quelque chose de spécial ce jour là, mais cette année il me faut célebrer également l'écriture d'une nouvelle page de ma vie, l'an 0 de ma vie d'homme (un bien grand mot pour qualifier un petit être comme moi...)!
Alors mes amis, le 1er juillet, c'est ©Cupizparty ;)

- Pour terminer sur un bémol, j'écris rarement mes états d'âmes içi, déjà parce que je ne peux toujours les exprimer, et puis car il y a des choses que je n'ai pas forcément envie de raconter au monde entier...
En ce moment je cherche à comprendre mon rapport au corps, je cherche le point de rupture qui a fait que je ne puisse plus l'assumer, que je passe de fille topless sur la plage à garçon complexé se baignant en t-shirt (la saison me force à réflechir sur ce sujet!)... C'est paradoxal de penser qu'à partir du moment où j'ai décidé de prendre possession de l'enveloppe charnel que j'habite, de la transformer pour qu'elle me ressemble, j'en ai soudain eu honte... Comme Adam et Eve qui se découvrent nus et n'osent alors plus se dévoiler ainsi alors qu'ils ont joyeusement gambadé dans le jardin d'Eden auparavant sans se poser de questions, ma propre révélation s'est accompagnée d'une prise de conscience qui m'empêche de vivre comme avant. Je ne peux dévoiler mon intimité (mon corps sans underworks) qu'à une personne (et ne me demandez pas pourquoi elle, je l'ignore) mais à part elle, je ne peux me mettre à nu devant des amis qui m'ont pourtant vu auparavant en petite tenue, qui savent bien ce que cachent ces vêtements... Qu'est-ce qui a changé: nos relations? l'importance que je donne à leurs regards?... Simplement moi...

10.6.06

"Pour moi la vie va commencer !"



Reveil difficile ce matin ! Ou plutôt cet après-midi...

Retour sur le jeudi 8: j'étais passablement stressé à l'approche du rendez-vous avec l'endocrino... Je me suis imaginé tous les scénarios dans lesquels elle ne m'accorderait pas le traitement ce jour là, des plus plausibles aux plus improbables ! Heureusement, Vivi était là pour m'apaiser (un peu!). Je me suis fait des films, bien sûr, puisque je suis sorti du cabinet avec la fameuse ordonnance !
Après avoir discuté de l'échec du traitement Orgamétril, de mes relations avec mes parents, de mon psy, l'endocrino m'a expliqué son protocole: on commence doucement avec 1/4 d'ampoule d'Androtardyl toutes les 2 semaines par injection intramusculaire, et ce pendant 3 mois, puis on augmentera.
Après ce rendez-vous, je suis retourné au restaurant. J'ai terminé ma journée à 23h, ai raccompagné ma collègue jusqu'à Saint Lazare, puis le métro s'est fait attendre 30min... Je n'ai pas pu avoir mon changement, donc j'ai effectué une partie du trajet à pieds, à 1h du matin (de Michel-Ange-Auteuil à Boulogne-Jean-Jaurès pour ceux à qui cela signifie quelque chose !). Et pendant une grande partie de cette balade, je me suis passé en boucle la chanson qui m'a soufflé l'adresse de ce blog, lerevecommence : Yakamoneye.
" Mais bon, y a bien cette chose que j'ai en moi,
Tu ne peux pas la toucher, y a que moi qui la vois,
Vision virtuelle venant, des vent les plus lointains,
Je suis vivant et en rêvant je vois la vie comme elle vient.

Le rêve commence ... Le rêve commence ...
Le rêve commence ... Le rêve commence ...
Le rêve commence, je m'en vais vite et bien
Pas de volant : les virages négocient bien
Bien voilà que maintenant, un voilier me prend !
Et c'est toutes voiles dans le vent que je voyage a présent !
(...)
Je rêve ... Je rêve ... Oh oui, je rêve, je fais que ça,
mon frère, tu voies.
Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ...
Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ... Emmène nous avec toi !

Je rêve, oh oui mon frère, ça vaut tous mes mois de salaire,
Ma couette c'est le repère où je mène une vie pépère.
J' libère le monde amère, et même si je reste fier,
J'aurais du mal à refaire tout ce qu'il va de travers,
Alors j'traverse les océans, pour trouver ce monde d'enfants,
Fonçant comme un dément vers ces gens plus cléments,
J'y reste quelques temps, tant que je peux y rester,
Et quand le réveil sonne j'ai l'énergie pour lutter."

Et je chantais à tue-tête, et je remuais vaguement au rythme de ce son reggae (certains appellement ca danser) au milieu de la route ... Une fois rentré chez moi, je me suis écroulé pour ne me reveiller qu'à l'heure où j'aurais déjà dû être en cuisine !

M'en fiche, me dis-je, ce jour est spécial et rien, aucune engueulade, aucune remarque du chef ne pourra la gâcher ! J'vais m'faire piquer ! Tiens je vais mettre un underworks tout neuf pour l'occasion ! Je me dépeche pour filer à la salle de bain et alors que je me coiffe ma mère toc à la porte. Elle me raconte qu'il y a une semaine, un voisin qu'elle a croisé lui a demandé : "Que deviens votre fille? Vous l'avez mise en pension? On ne la voit plus depuis quelques temps !" Je souris. Elle lui a répondu, cash "ben non, elle est toujours là, c'est juste que maintenant elle devient un garçon, elle est transsexuelle "(sic); là j'ai ris! Parce que je l'imaginais bien déballé ça comme ca au voisin du dessus (ou du dessous, j'ai oublié) et lui qui devait faire une drôle de tête... Coincidence extraordinaire, ce mec est médecin et a suivi des trans pendant 20 ans... qu'il a dit... Bref, et en 20 ans, il y a eu 3 cas où en fait, le problème était ailleurs. À ce que j'ai compris, pour 2 d'entre eux la transition était à peine entamée mais pour le dernier, on n'a pas pu le rétablir "comme avant". Voilà, il a réussit à inquiéter ma mère plus qu'elle ne l'était déjà avec cette histoire ! C'est vrai, il y a des gens qui se sont crus transsexuels et qui se sont trompés (c'est pourquoi je suis contre la totale dépsychiatrisation des trans'), j'affirme, je sais que je n'en fais pas parti, mais eux ne disaient-ils pas la même chose ? Je ne doute pas de moi, seulement de la crédibilité de mes affirmations. Mais je m'égare !
La journée de travail est passée plutôt vite (en même temps j'ai commencé à 10h...), mais à ma pause j'ai dû prendre mon mal en patience pour attendre l'ouverture du cabinet d'infirmière (17h). "J'y vais, j'y vais pas? Pas maintenant, sois pas ridicule, tu va pas arriver une demi heure avant l'ouverture ! Maintenant? Patience, bon sang ! Occupe toi! Bon allez c'est parti ! Mais j'ai peur de la piqûreuh!"... Finalement il y avait déjà quelqu'un avant moi dans la salle d'attente ! J'ai pris un magazine, et me suis plongé dans un passionnant article (l'acte amoureux pendant les règles) de Elle. "C'est à vous?" Ah zut, j'ai pas fini de lire... L'infirmière trop gentille, prévenante, a su me mettre à l'aise. "Voilàààà..." "Ca y est?" "Vous voyez que ce n'était rien!" Même pas mal !
J'ai rejoins Vivi avec qui j'ai passé le reste de ma pause (avec quelques minutes bonus:o)), puis retour en cuisine. Quelques brochettes de moules, quenelles de concassé de tomates, pains et mignardises plus tard, 23h, je rentre sur Boulogne. Après avoir été cherché ma bouteille de champ', et écrit un très bref message sur ce blog, j'ai rejoins des amis (dans l'ordre d'apparition, Eugénie, Loulou, Tonce, Alex et Rico) pour déboucher la bouteille et fêter ma renaissance ! On a trinqué à Eric, à un petit garçon qui va devenir petit homme...
J'ai rejoins mon lit vers les 4h du matin, fatigué mais ravi, soulagé d'avoir franchi cette étape et d'avoir eu la 1ère injection d'une longue série, et heureux d'avoir des amis qui comprennent ce que cela représente pour moi et qui partagent ma joie !

9.6.06

Première injection de testo aujourd'hui à 17h20 !

Pas le temps d'écrire maintenant, je vais sabrer le champagne et fêter ça avec quelques amis :p

4.6.06

Un lien

La vidéo de Stef sur sa transition.
Cela fait un moment que je n'ai pas posté. Trop peu de temps pour aller sur internet et rien d'essentiel à raconter... Ma vie suit son petit cheminement: métro, boulot, dodo, et à côté sorties, amis, Vivi.
J'ai passé une bonne partie de mon temps libre à faire le nécessaire pour avoir mon ALD (prise en charge à 100% par la Sécurité Sociale des frais médicaux qu'occasionnent mon syndrôme), c'est-à-dire que j'ai galéré entre les visites à mon médecin généraliste et les visites à ma caisse Sécu pour expliquer mon cas, me faire enregistrer... L'ALD ne sera pas effective avant quelques semaines, donc en attendant je dois empiler les feuilles de remboursement.

Je reçois du mademoiselle autant que du jeune homme ou monsieur actuellement, je le prends avec une certaine indifférence à présent car je sais que la situation va s'arranger sous peu; prochain rendez-vous avec l'endocrino: 8 juin.
"Il" et "elle" alternent également dans la bouche de mes amis, et pour cela aussi j'essaye de me dire que ca ira mieux lorsque je passerais mieux, mais j'avoue prendre sur moi, parfois. Et je rectifie plus souvent.
"Elle" persiste en famille, et là je pense que l'amélioration viendra peut-être avec un bon coup de gueule, mais je m'abstiens. La situation dans laquelle je les mets me force à faire preuve d'indulgence.

8 juin. Je n'ai que cette perspective en tête.


19.5.06



"Mais ta copine, elle était lesbienne, donc comment elle gère maintenant?" Combien de fois m'a-t-on posé cette question depuis que j'ai amorcé ma transition... La réponse toute simple c'est: non elle ne l'était pas, et encore moins à présent. Je sais que cela ne suffit pas ("mais toi, tu étais quand même une fille féminine, donc tu va pas me dire qu'elle préferait les garçons en sortant avec toi?") mais comment vous expliquer quelque chose qui me dépasse aussi?
Ce que je sais c'est que, alors que je m'affirmais farouchement lesbienne (malgré mes incartades avec quelques garçons), je ne l'ai jamais considérée ainsi. Le fait révélateur c'est que jamais son entourage féminin n'a eveillé en moi une once de jalousie, alors je ne peux pas en dire autant des garçons qu'elle fréquente! D'ailleurs cette situation m'embarassait pas mal à l'époque. La question que l'on me posait alors c'était plutôt: "Mais ca te fait pas chier que ta copine soit pas lesbienne? T'as pas peur?". Et je ne voyais pas trop ce qu'elle faisait avec moi, ce qu'elle me trouvait de si spécial pour déroger à son hétérosexualité...
Je ne lui ai pas posé la question, je pense que je redoutais une réponse qui puisse me troubler d'avantage que je ne l'étais déjà. Elle faisait ressortir de moi le garçon que je refoulais, cette identité masculine que je reniais, ce qui me rendait mal à l'aise, alors je ne voulais pas savoir que, éventuellement, elle était là à mes côté parcequ'elle avait décelé, peut-être inconsciemment, ce côté obscur...

Suite d'un extrait de mon journal intime daté du 4 novembre 2004 que j'ai publié içi :
Il faudrait peut-être que je rectifie : je suis toujours frustrée d’être une fille dans le cadre sentimental. Je ne deviendrais pas transs pour autant ! On s’habitue à tout. La question que je me posais par rapport à Virginie : aurait-elle préférée que je sois mec, c’était surtout pour me conforter, soit dans ma situation, soit dans ma pensée. Si la réponse aurait été négative, je me serais dit que c’est un mal pour un bien, que mec je ne vivrais pas cette histoire qui fait mon bonheur, et à contrario je me dirais juste que cette frustration est justifiée, sans que cela ne change par ailleurs grand-chose à la situation. Mais voilà, la réponse a été neutre. Un je-m’en-foutisme qui me déstabilise quelque peu. Enfin, qui m’a surtout donné à réfléchir durant les pauses de la journée d’appel. D’un côté c’est magnifique, je peux me dire que je suis aimée pour moi-même, pas ce qui fait mon être de chair mais…moi quoi ! Et d’un autre côté c’est tout de même renier une partie de mon identité, enfin mince ce n’est pas qu’un détail, ça détermine le 1er chiffre du numéro de Sécu, ça oblige à cocher des cases F ou M toute sa vie durant, ça a tout de même son importance ! Et elle s’en fout comme de son premier pyjama ! (Enfin si ça se trouve elle le garde peut-être amoureusement son premier pyjama, comme une relique d’un temps révolu.)


À l'époque, je cherchais des raisons de m'estimer heureux d'être une fille, et j'aurais voulu pouvoir me dire "tu vois, si tu n'étais pas une fille, tu n'aurais jamais vécu cette histoire". D'ailleurs, Vivi exacerbe ce que je considérais comme le meilleur et le pire en moi, et je me cherchais tout court dans cette relation.

14.5.06

"Mes chers parents, je pars..."

Voici une lettre que j'ai écrite à mes parents il y a 2 mois:

Boulogne, le 14 Mars 2006

Chers parents,


Me voilà extenué et incapable de dormir ; notre discussion de ce soir ne quitte pas mon esprit et je crains que mon sommeil n’efface les pensées et réponses que j’aimerais vous adresser.
Je n’ai pas envie de passer mon temps à m’expliquer, me justifier ; je ne vous demande pas de me comprendre, je doute d’ailleurs que vous le puissiez, mais juste de m’accepter, d’accepter mon choix de vie, ce que je désire être et la façon dont je veux le devenir.
Ce qui veut dire : arrêtez de décortiquer ce que vous savez de ma vie et de relever les divers traumatismes qui ont jalonnés mon histoire pour trouver la réponse au pourquoi ; arrêtez de vous intéresser à ma vie sexuelle et à mon éventuel plaisir clitoridien pour savoir à quel point mon transsexualisme m’affecte ; arrêtez de buter sur des conceptions de l’identité sexuelle fondées sur les parties génitales. En bref, arrêtez de chercher midi à quatorze heures, et, mais c’est peut-être trop demander, faites- moi confiance, croyez en moi et en ce que je vous raconte.

Papa, qu’est ce que tu attends que je te réponde lorsque tu me dis croire que je choisis d’aller mal, de me donner cette apparence, lorsque tu m’affirmes que je ne parais pas avoir tant besoin que ça d’entamer ce parcours ? Comment veux-tu que je te prouve que tu as tort ? Souhaites-tu que je vous fasse quelques mois de dépression, d’autodestruction, pour que mon mal-être paraisse évident ?!
Je suis déjà passé par là. Des périodes où j’ai sombré et où vous n’avez rien vu. J’ai essayé de me détruire, mais il y a toujours eu quelqu’un pour m’arrêter, ou quelqu’un pour qui je ne voulais pas toucher le fond. J’ai choisi de vivre, et d’aimer la vie malgré tout, et tu ne peux pas me blâmer pour ça ; et puis je me suis créé une façade souriante et une armure solide, que je vous dois. Je vis dans une famille où père, mère, frère et sœur ont leurs émotions enfouies sous d’épaisses carapaces, et où je n’ai pas le droit d’avoir de problèmes au risque de m’en créer de nouveaux parce que je vous causerais du souci, parce que vous en avez déjà bien assez et me l’avez fait clairement comprendre, parce que vous finirez par vous engueulez pour me le reprocher ensuite. Ce sont des reproches mais je ne vous en veux pas, je vous ai déjà bien assez haï pour tout cela...

Me voilà quelque peu dépassé par tout ce que j’écris, si bien que j’en perds le fil de mes idées. J’étais censé parler de ma transition et voilà que j’effleure à peine le sujet. Mais il me semble que ce que je pourrais ajouter ne serait que superflu, que je ne ferais que répéter ce que je vous ai déjà dit à l’oral, et je ne vais pas lutter contre la fatigue plus longtemps juste pour le plaisir de pouvoir m’exprimer correctement.


Et depuis, j'ai le sentiment d'avoir été écouté par ma mère, mais que mon père fait la sourde oreille. Il nie être affecté par toute cette histoire ("Je me fous que tu sois une fille ou un garçon...") et j'ai l'impression qu'il a lu en diagonale les livres que je leur ai passé ("De quoi souffrent les transsexuels" notamment) ainsi que tous mes écrits lorsqu'il me sort des reflexions que je juge aberrantes comme par exemple, pourquoi je persiste à porter des tee-shirts compresseurs alors que l'on me considère comme une fille (je ne sais si c'était dans le cadre de mon travail ou dans le cercle familiale). Je ne dis pas que ma mère m'accepte en ouvrant grand les bras, qu'elle est ravie de son nouveau fils Eric, mais il m'est possible avec elle de discuter des mes problèmes personnels, médicaux... Alors que toute communication avec mon père semble vouée à l'échec. C'est en tout cas le constat que je dresse actuellement et j'aimerais passer outre cette impasse avec lui, en espérant que le temps et les faits concrets de ma transition l'aideront à mieux accepter et qu'un jour on pourra se parler...entre père et fils, d'homme à homme...

13.5.06

Suite au dernier extrait (en italique) du post précédent: en lisant cela, je me suis totalement identifié dans le sens où je pense vraiment que ce que la majorité de mes amis appréciait de moi lorsque j'étais Caroline venait de Carot...
Quoique Caroline avait bien des qualités indéniables, comme un sens aigu du don de soi... Par exemple une règle d'or: les avances d'un garçon en mal de tendresse ne se refuse pas. Bon, j'y ai quand même effectué quelques entorses ! Elle avait des complexes bien à elle, comme un sentiment profond d"inutilité qui faisait que je ne refusais jamais de rendre un service et ce qui m'a mis dans bien des plans galères... Aujourd'hui, je ne me sens plus le besoin de servir à quelque chose ou à quelqu'un, je vis pour moi-même et ce n'est plus un besoin de me sentir utile au autres, juste un plaisir lorsque je peux aider un ami. D'ailleurs, pour terminer avec ce problème, avant je me disais: je ne me suiciderais jamais car si ma vie ne me sert en rien, elle peut toujours être utile aux autres: je n'ai qu'à devenir bonne soeur ou prostituée ! Maintenant c'est plutôt: je ne me suiciderais jamais car la vie offre 1000 possibilités de rebondir lorsqu'on tombe, 1000 chances de se trouver un but, une raison de vivre...
Ma confiance en moi a beaucoup évoluée depuis que moi-même je me suis découvert et transformé. "Evoluée" et non pas améliorée, car elle a simplement changée. Avant j'avais confiance en ce que j'étais et ce que j'allais devenir, alors qu'à présent j'ai confiance en qui je suis mais mon avenir me parait plus incertain... L'important c'est que je me sais plus vrai, que je me sente exister par et pour moi-même... Ma confiance en moi n'a pas forcément grandie mais ma self-estime, énormément.

Je n'ai pas fini sur le sujet, il y a encore à dire, pour une autre fois peut-être...

12.5.06

Yanni Kin

Je voudrais partager ces extraits de l'autobiographie de Yanni Kin "Regarde moi, Maman"; parmis toutes les biographies de trans que j'ai lu, c'est celle où je me suis le plus identifié. Dans les extraits qui suivent, c'est Sylvie qui parle de cet homme, Sylvain, qu'elle dissimule au fond d'elle.


J'ai pleuré tout le long du chemin. J'ai pleuré une fois chez moi. J'ai pleuré durant les jours qui suivirent en revivant ce qui s'était passé. Sylvain ne disait mot. Sylvain pensait. Dire est bien, penser est mieux. Il faut avoir beaucoup pensé pour savoir dire. Et si agir est bien, patienter est mieux. Il faut savoir patienter pour pouvoir sagement agir. Sylvain est le penseur, le rêveur, mais il n'est pas patient. Il est celui qui analyse et qui sort des réflexions, puis qui sourit en les prononçant car il se sait trop impétueux pour les appliquer. Il persiste quand j'abandonne. Il frappe quand je m'esquive. Il se redresse quand je courbe. J'aime cet homme même si lui voudrait bien me voir disparaître. À cette époque, je ne le réalisais pas encore tout à fait, mais je ne pouvais vivre sans lui alors que lui pouvait très bien vivre sans moi.


Il m'apparaissait que sa capacité de vivre dans l'anonymat avait atteint sa limite. Depuis quelque temps, j'avais très bien perçu sa bravade. Certains jours, il me faisait peur. Il avait ce regard vitreux de quelqu'un qui ne se possède pas totalement, comme un malade en phase terminale qui n'a plus rien à perdre et qui vit ses dernières heures en dépit de toute conformité.


Je m'approprie ce message extrait du même livre:

Il conservera un peu de moi comme j'avais un peu de lui. Continuez à l'aimer comme vous l'avez toujours aimé sans vous en rendre compte; comme il s'est toujours fait aimer de vous à votre insu. Si vous prêtez bien attention, vous constaterez que c'était son énergie, son impétuosité qui vous galvanisait et son côté juvénile, ce comportement puéril chez lui qui vous mettait sous le charme.

Une photo

Cette photo date d'octobre 2005. C'est la première (autre que les photomatons) où je me suis trouvé pas mal (en) mec...

7.5.06

En vrac

Des nouvelles dans le désordre...

La plus importante: j'ai arreté le traitement Orgamétril en fin de semaine. Depuis que je l'ai commencé, j'ai subi maux de tête, vertiges, malaises et bouffées de chaleur... Tous les inconvéniants de la ménopause. Pire, l'effet principal escompté n'est pas arrivé: plus de règles abondantes, mais des pertes tous les jours... Mes règles ne me gènent guère, elles ne sont pas douloureuses, donc ce n'est pas essentiel pour moi qu'elles s'arrêtent; je préfère les avoir puis être tranquille 25 jours par mois. Bref, cette tentative de traitement est un échec, mais je n'ai pu encore en parler avec mon endocrinologue: j'attends qu'elle rentre de vacances.


Je suis allé voir le film transamerica avec Vivi lundi dernier. Moment d'enervement: j'étais déjà terriblement agacé par tous les articles sur ce film où Bree (femme transsexuelle) est dite "un travesti voulant se faire opérer" avant d'aller voir le film... Et énervé après car Bree préçise bien: "je ne suis pas travesti" à un moment donné du film. Donc la plupart des journalistes ayant écrit un avis sur Transamerica ont non seulement fait preuve d'un grand manque de professionalisme en ne s'interrogeant pas sur le sujet qu'il traitaient et le vocabulaire qu'ils employaient, mais en plus ils n'ont pas vu le film ou plutôt n'ont pas dû être très attentif...
Moment de tristesse: je n'ai pas tilté sur le moment, cette phrase ne m'est revenue en mémoire quelques temps plus tard... Lorsqu'elle demande son autorisation d'opération, Bree dit que une fois terminée, même un gynéco ne serait pas en mesure de détecter son passé d'homme. Ce qui m'a fait pensé que, même lorsque mon Etat civil sera modifié, j'aurais toujours quelque chose à cacher ou plutôt quelque chose à prouver... Etant donné que je n'envisage pas la phalloplastie. Je devrais toujours m'expliquer à mes médecins et j'aurais des aveux à faire avant de sortir avec une fille. Il me faudra penser à mettre une prothèse avant d'aller à la piscine ou à la mer. Bref, Je ne vais pas donner toutes les conséquences qui découlera de ma futur vie d'homme avec un vagin, mais j'avoue qu'y penser m'a fait un peu déprimer... J'en étais bien sûr déjà pleinement conscient, mais il faut juste que cela ne se rappelle pas à moi trop souvent...

La phrase qui m'a fait plaisir: le week-end dernier lors d'une soirée, j'étais allongé sur un lit avec trois autres personnes dont ML, et j'ai dû passer par dessus elle pour attraper un cendar. Elle a fait un mouvement brusque et son pied est allé en direction de mon entrejambe... Et elle me dit: "Putain je te vois tellement comme un mec que j'ai eu peur de te faire mal !"... Qu'elle me considère comme un garçon au point d'avoir le reflexe de ne pas heurter mon service trois pièce imaginaire a provoqué sur mon visage un grand sourire :o)